Cedouble langage, nous l’avons dĂ©jĂ  observĂ© de nombreuses fois au MĂ©e. Il mine le climat en rendant impossible tout dĂ©bat de fond pour privilĂ©gier les oppositions de forme. C’est aussi pour cela que nous placerons notre action en 2018 en nous rĂ©fĂ©rant Ă  cette phrase de Jean JaurĂšs « Le courage, c’est de chercher la vĂ©ritĂ© et This website is under heavy load queue fullWe're sorry, too many people are accessing this website at the same time. We're working on this problem. Please try again later. DĂ©cidĂ©ment la vĂ©ritĂ© est un bien trĂšs prĂ©cieux ! Elle confĂšre force et pouvoir, mais surtout elle transforme, apaise, rĂ©conforte, et Ă©claire. Je ne cesserais jamais de le scander : la vĂ©ritĂ© est un droit pour ceux qui la cherchent, et un devoir pour ceux qui la dĂ©tiennent. BAC PHILO 2012 - Pendant quatre heures, les lycĂ©ens des filiĂšres L, S et ES ont planchĂ© ce lundi sur la traditionnelle Ă©preuve de philosophie. REUTERS Que gagne-t-on en travaillant? LComment aborder le sujet? La notion du travail est une notion pratique. Et la tournure de la question va Ă©galement dans ce sens. De prime abord, ce sujet Ă©tait d'une grande accessibilitĂ© et permettait Ă  tous les candidats de faire leurs preuves. Sur quoi ne fallait-il pas faire l'impasse? Pour rĂ©pondre Ă  la question posĂ©e, il fallait dans un premier temps Ă©numĂ©rer les avantages matĂ©riels - comme le salaire, l'argent - que l'on tire du travail. Comment faire la diffĂ©rence? Mais toute la difficultĂ© du sujet rĂ©sidait dans l'Ă©valuation de la valeur de ce gain. Au-delĂ  du salaire, gagne-t-on en travaillant une satisfaction personnelle? De l'humanitĂ©? Dans des conditions convenables, le travail peut en effet nous aider Ă  dĂ©velopper notre patience ou notre relation avec autrui. La notion de "gain" laissait Ă©galement la possibilitĂ© d'aborder celle de concurrence. L'analyse du verbe "gagner" permettait de problĂ©matiser la question posĂ©e... et de rĂ©colter des points au passage! Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement >> Retrouvez tous les sujets de l'Ă©preuve de philosophie du baccalaurĂ©at 2012 Toute croyance est-elle contraire Ă  la raison? LComment aborder le sujet? L'opposition croyance/raison est un lieu commun en philosophie elle fait mĂȘme parfois l'objet d'un cours pendant l'annĂ©e de la Terminale. Sur quoi ne fallait-il pas faire l'impasse? Cette notion de croyance amĂšne Ă  une opposition simple quand on croit, on diminue l'usage de la raison. Il fallait peut-ĂȘtre aborder la notion de croyance religieuse. Et les excĂšs regrettables qui en dĂ©coulent. L'astuce? Etayer sa thĂšse notamment au regard de l'actualitĂ© - comme la violence rĂ©sultant d'une croyance irrationnelle. Comment faire la diffĂ©rence? Les meilleures copies seront parvenues Ă  cette conclusion certaines croyances, comme le fanatisme, sont contraires Ă  la raison, mais d'autres sont compatibles avec la raison, voire rationnelles. Le scientifique par exemple prend des risques et parie que la raison peut marcher. La confiance envers les autres, notamment, ne peut pas toujours passer par le tamis de la raison on trouve quelqu'un de sympathique sans que la raison n'intervienne. En sociĂ©tĂ©, il peut donc ĂȘtre rationnel de se forcer Ă  faire confiance Ă  sa spontanĂ©itĂ© car une relation sociale approfondie se fonde sur la confiance. Et de rappeler la thĂšse de Spinoza selon laquelle pour un homme raisonnable, il n'y a rien de mieux qu'un autre homme raisonnable. Une autre niveau de lecture Ă©tait Ă©galement envisageable. Celui de la foi en la raison qui se diffĂ©rencie de la croyance ordinaire par l'aptitude Ă  douter d'elle-mĂȘme sans renoncer Ă  elle-mĂȘme pour autant, d'ĂȘtre une recherche critique et lucide de la raison tout en restant confiante en la raison. Serions-nous plus libres sans Etat? SComment aborder le sujet? Ce sujet part d'un postulat simple et immĂ©diat l'Etat exerce une domination sur nous qui limite notre libertĂ©. Mais il fallait prĂȘter attention Ă  la nuance introduite par "plus libres" et non "libres", selon laquelle l'Etat n'est, par dĂ©finition, pas tyrannique... Sur quoi ne fallait-il pas faire l'impasse? La formulation est en effet intĂ©ressante car elle implique que sous la domination de l'Etat en gĂ©nĂ©ral - dĂ©mocratie, Etat de droit... - on reste libre. Or, la libertĂ© dans l'Etat passe nĂ©cessairement par la reconnaissance du droit, le "plus" de libertĂ© reposant sur un progrĂšs du droit pour tous et de ses droits pour chacun. Dans un premier temps, les lycĂ©ens pouvaient donc aborder la question d'une sociĂ©tĂ© sans Etat. C'est la formule chĂšre aux anarchistes "Ni dieu, ni maĂźtre". Cet idĂ©al politique consiste Ă  instaurer une amitiĂ© sociale pure entre les hommes qui peuvent se passer de toute intervention Ă©tatique. Ce dĂ©sir de se passer de l'Etat peut avoir un sens mais il faut mesurer sa rĂ©alisation pratique. Existe-t-il un risque de guerre de tous contre tous, comme le soulignait Hobbes? Ou les hommes seraient-ils au contraire en paix, comme l'avance Rousseau? Comment faire la diffĂ©rence? Plus qu'une sociĂ©tĂ© sans Etat, la question serait peut-ĂȘtre plutĂŽt de mesurer la libertĂ© sous le rĂšgne de l'Etat. Lorsque l'Etat est juste, on peut ĂȘtre libre. Et cette libertĂ© n'est-elle pas meilleure que celle qu'on aurait sans Etat, au regard du comportement des hommes? Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ©? S Comment aborder le sujet? Ce sujet est moins attrayant car la notion de vĂ©ritĂ© n'est pas pratique, contrairement Ă  celle de travail, par exemple, mentionnĂ©e plus tĂŽt. Sur ce thĂšme, on s'attend davantage Ă  une question du type "Avons-nous le devoir de dire la vĂ©ritĂ©?" Or le sujet est plutĂŽt nouveau. Sur quoi ne fallait-il pas faire l'impasse? Dans une courte partie, il fallait nĂ©cessairement aborder cette question du devoir de vĂ©ritĂ©. Mais il ne fallait pas trop s'y Ă©tendre et vite bifurquer sur le devoir de recherche de vĂ©ritĂ©... Comment faire la diffĂ©rence? L'exercice pĂ©rilleux consistait donc Ă  capter l'intĂ©rĂȘt du sujet "Existerait-il un devoir de recherche de vĂ©ritĂ©?" La difficultĂ© Ă  dire la vĂ©ritĂ© n'est pas que celle-ci n'arrange pas toujours et qu'il est parfois prĂ©fĂ©rable de mentir mais qu'elle est complexe Ă  trouver. Il est extrĂȘmement difficile d'atteindre la vĂ©ritĂ© et donc a fortiori de la chercher. Ainsi le vrai devoir de vĂ©ritĂ© est de chercher la vĂ©ritĂ©, comme c'est le cas en sciences, en philosophie ou mĂȘme dans l'art. S'il existe, la particularitĂ© de ce devoir est de reposer sur une exigence propre de vĂ©ritĂ© alors mĂȘme qu'on ignore encore ce qu'est cette vĂ©ritĂ©, puisqu'on doit la chercher. C'est comme une contradiction, mais une contradiction vivante et motrice, qui anime la recherche du vrai. Exigence de l'esprit et morale, dĂ©sir de connaissance et devoir de raison Ă  la fois. Le sujet permettait ainsi de traiter la culture en gĂ©nĂ©rale et les retombĂ©es de la recherche de la vĂ©ritĂ© dans la vie quotidienne. Enfin, les futurs bacheliers pouvaient peut-ĂȘtre mentionner les dialogues de Platon et finir leur copie en indiquant que la vĂ©ritĂ© est une recherche commune qui se trouve Ă  deux. Travailler, est-ce seulement utile? ES Comment aborder le sujet? La notion de travail a du succĂšs cette annĂ©e! Cette fois, la question est plus abrupte car elle Ă©courte le problĂšme on admet d'emblĂ©e que le travail est utile. Et c'est normal, puisque le sujet est posĂ© Ă  des Ă©lĂšves de la filiĂšre ES. AttentionUne erreur s'est glissĂ©e dans l'intitulĂ© du sujet... Les Tal ES ont planchĂ© sur "Travailler est-ce seulement ĂȘtre utile" et non "Travailler est-ce seulement utile. Pour retrouvez le "bon" corrigĂ© de cette Ă©preuve de philo, cliquez ici. Sur quoi ne fallait-il pas faire l'impasse? Pour ne pas passer Ă  cĂŽtĂ© du sujet, il fallait donc identifier le rĂŽle du travail en dehors de son utilitĂ© matĂ©rielle. Et faire preuve d'imagination... Car disserter sur l'utilitĂ© du travail aurait consistĂ© Ă  enfoncer des portes ouvertes. L'idĂ©e est de dire que le travail est en partie utile mais que sa nocivitĂ© - aliĂ©nation, esclavage... - l'emporte sur son utilitĂ©. Et de dĂ©velopper la critique du travail. Ce point de vue aurait Ă©tĂ© acceptable. Mais la majoritĂ© des candidats ont probablement choisi un axe plus mesurĂ© le travail permet de gagner sa vie et, plus largement, il offre un accĂšs Ă  la vie sociale. Comme le soulignait Freud, quand on n'a pas de talent, le travail est une bonne discipline pour maĂźtriser ses pulsions. Et de dĂ©montrer ainsi que le travail est une souffrance qui permet de se dĂ©velopper soi-mĂȘme le travail de l'artiste qui se met Ă  l'oeuvre, le travail de l'enfantement.... Comment faire la diffĂ©rence? Pour aller plus loin, il fallait peut-ĂȘtre se poser la question des conditions politiques, culturelles et sociales qui permettent aux hommes de s'Ă©panouir dans leur univers professionnel. Il aurait Ă©tĂ© bon de citer Karl Marx selon qui, dans une sociĂ©tĂ© idĂ©ale, un homme peut ĂȘtre pĂȘcheur le matin, agriculteur l'aprĂšs-midi et poĂšte le soir. Le vrai travail pourrait donc ĂȘtre un travail libre dans une sociĂ©tĂ© bien organisĂ©e. Peut-il exister des dĂ©sirs naturels? ES Comment aborder le sujet? Ce sujet est difficile de prime abord car l'opinion publique est persuadĂ©e que tous les dĂ©sirs sont naturels. Il prend donc les esprits Ă  rebrousse-poils! L'emploi du "peut-il" introduit ici une notion de raretĂ©. Sur quoi ne fallait-il pas faire l'impasse? Le sujet invite Ă  une rĂ©flexion critique sur le besoin naturel le besoin est-il vraiment un dĂ©sir? Selon Claude LĂ©vi-Strauss, le besoin est certes naturel mais il est enrĂŽlĂ© par la culture. Le besoin et donc a fortiori le dĂ©sir ne sont peut-ĂȘtre pas naturels mais enracinĂ©s dans notre culture et dĂ©pendants des contraintes et coutumes propres Ă  notre sociĂ©tĂ©. Les corrigĂ©s proposĂ©s ne sont que des indications succintes de traitements possibles, prĂ©cise Martin Pham. Et d'autres traitements, diffĂ©rents ou mĂȘmes opposĂ©s, seraient tout aussi envisageables. Le principal est d'avoir fourni une analyse personnelle, sensĂ©e et cohĂ©rente, du sujet qu'on a choisi, puisque la philosophie n'est autre que l'exercice rationnel de la libertĂ© de penser par soi-mĂȘme, avant tout. Comment faire la diffĂ©rence? Les meilleures copies auront abordĂ© la maniĂšre dont on peut libĂ©rer le dĂ©sir de ses dĂ©formations culturelles et sociales pour lui faire retrouver son sens. Et ainsi questionner la possibilitĂ© de rĂ©instaurer un dĂ©sir naturel par un effort de culture et de vĂ©ritĂ©. Un bon point aurait Ă©tĂ©, Ă©galement, de faire un parallĂšle avec la sociĂ©tĂ© de consommation qui produit des dĂ©sirs factices et fantasmatiques. Les corrigĂ©s proposĂ©s ne sont que des indications succintes de traitements possibles, prĂ©cise Martin Pham. Et d'autres traitements, diffĂ©rents ou mĂȘmes opposĂ©s, seraient tout aussi envisageables. Le principal est d'avoir fourni une analyse personnelle, sensĂ©e et cohĂ©rente, du sujet qu'on a choisi, puisque la philosophie n'est autre que l'exercice rationnel de la libertĂ© de penser par soi-mĂȘme, avant tout. Julie Saulnier Les plus lus OpinionsEditoAnne RosencherChroniquePar GĂ©rald BronnerLa chronique d'AurĂ©lien SaussayPar AurĂ©lien Saussay, chercheur Ă  la London School of Economics, Ă©conomiste de l'environnement spĂ©cialiste des questions de transition Ă©nergĂ©tiqueChroniqueAbnousse Shalmani Avonsnous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? Écouter (7 min) PublicitĂ© . PublicitĂ©. PublicitĂ©. France Culture Le Monde selon RaphaĂ«l Enthoven | 11-12 Épisode du mardi 19 juin 2012 par RaphaĂ«l Enthoven Voir le podcast. En savoir plus. RĂ©fĂ©rences. ThĂšmes associĂ©s. Sciences et savoirs. Philosophie. VĂ©ritĂ©. ActualitĂ©s. BaccalaurĂ©at. L'Ă©quipe. RaphaĂ«l 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. 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La conscience morale n’est pas un absolu. Elle ne peut se comparer Ă  un instinct qui Ă©viterait la rĂ©flexion, l’information, le dĂ©bat, la prudence et le discernement. La libertĂ© de conscience est liĂ©e Ă  la recherche de la que la conscience ?RĂ©pondre Ă  cette question brutalement posĂ©e suppose qu’on s’intĂ©resse Ă  l’usage que nous faisons du mot dans le quotidien de nos vies. Car s’il y a problĂšme de dĂ©finition, c’est que le mot se rencontre dans un grand nombre de phrases et d’expressions dans lesquelles il reçoit un trĂšs grand nombre de sens premier sens peut faire rĂ©fĂ©rence Ă  la connaissance de quelque chose comme dans les expressions "Je prends conscience de", "J'ai conscience de", "Je suis conscient de". Conscience dit alors connaissance, clartĂ© ou simplement pensĂ©e d'une chose en soi ou hors de deuxiĂšme sens, psychologique, se rencontre dans les usages suivants "Entrer dans notre conscience", "Perdre conscience", "Être inconscient de". Notons que dans ces cas, on peut parler de perte, de disparition d'un sentiment plus ou moins confus, mais sensible, d'une prĂ©sence Ă  soi et au monde. Alors que le premier groupe d'expressions tĂ©moignait de ce qui est prĂ©sent en notre esprit, ce deuxiĂšme ensemble pose la question philosophique de savoir si nous avons toujours conscience de ce dont nous avons philosophes ont bien mis en Ă©vidence que la conscience rĂ©flexive a ses limites. Freud nous a enseignĂ© que certains contenus de la conscience, ceux qui forment la vie psychique inconsciente, restent par nature inaccessibles."J'ai ma conscience pour moi !"Reste un troisiĂšme sens, celui de la conscience morale qu'on rencontre dans les usages suivants "Es-tu bien conscient de ce que tu engages ?", "J'ai mauvaise conscience", "J'ai ma conscience pour moi", "avoir la conscience tranquille", "avoir un cas de conscience", "agir en son Ăąme et conscience". La conscience fait alors rĂ©fĂ©rence Ă  l'expĂ©rience de la responsabilitĂ©. "Être inconscient", c'est agir au mĂ©pris de la prudence, dans l'ignorance des risques qu'on court ou fait courir aux autres. La conscience, dans ces cas, joue le rĂŽle d'une instance de jugement ou de justification en lien avec une capacitĂ© d'intelligence et de libertĂ©. Or, reconnaissons-le, le recours Ă  la conscience est de nos jours bien paradoxal. D'un cĂŽtĂ©, il semble qu'on n'a jamais fait autant appel Ă  la conscience pour justifier les positions Ă©thiques nom d'une morale oĂč chacun cherche l'Ă©panouissement de sa responsabilitĂ© et de sa libertĂ©, le recours Ă  la conscience tĂ©moignerait en faveur d'une maturitĂ© Ă©thique de nos contemporains, capables de discernement en situation pluraliste. Chacun, en conscience, semble pouvoir trouver des critĂšres justes et bons pour se dĂ©cider Ă  agir Ă©thiquement. Chacun, pour justifier ses actes, peut dire "J'ai ma conscience pour moi !" D'un autre cĂŽtĂ©, il n'est pas certain qu'en faisant appel Ă  la conscience, nos contemporains aient l'idĂ©e que cette conscience morale soit constitutivement conscience universelle de ce qui est bien et de ce qui est mal en Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©Ce sont ces questions sur les risques et les ambiguĂŻtĂ©s de la conscience morale moderne qui expliquent la position nuancĂ©e, voire mĂ©fiante, de l'Église catholique vis-Ă -vis de celle-ci. D'un cĂŽtĂ©, la tradition chrĂ©tienne tient ferme que la conscience est bien ce lieu oĂč s'exprime Ă©minemment la dignitĂ© de l'ĂȘtre moral. Vatican II a fait un exposĂ© clair et concis dans Gaudium et spes au paragraphe 16 de ce qu'il faut entendre par conscience "Au fond de sa conscience, l'homme dĂ©couvre une loi, qu'il ne se donne pas Ă  lui-mĂȘme, mais Ă  laquelle il doit obĂ©ir, et dont la voix, qui l'appelle sans cesse Ă  aimer et Ă  faire le bien, et Ă  Ă©viter le mal lorsqu’il le faut, rĂ©sonne Ă  l'ouĂŻe intĂ©rieure "Fais ceci, Ă©vite cela".Le ton est le mĂȘme chez le pape Jean-Paul II "Aucune autoritĂ© humaine n'a le droit d'intervenir dans la conscience de quiconque. La conscience est le tĂ©moin de la transcendance de la personne, mĂȘme en face de la sociĂ©tĂ©, et, comme telle, elle est inviolable. [...] Nier Ă  une personne la pleine libertĂ© de conscience, et notamment la libertĂ© de chercher la vĂ©ritĂ©, ou tenter de lui imposer une façon particuliĂšre de comprendre la vĂ©ritĂ©, cela va contre son droit le plus intime" 1.Mais si la conscience est ce lieu d'origine de la moralitĂ©, au plus intime de nous-mĂȘmes, n'oublions pas la rĂ©serve apportĂ©e un peu plus loin par Jean-Paul II "Cependant la conscience n'est pas un absolu qui serait placĂ© au-dessus de la vĂ©ritĂ© et de l'erreur ; et mĂȘme sa nature intime suppose un rapport avec la vĂ©ritĂ© objective, universelle et Ă©gale pour tous, que tous, que tous peuvent et doivent chercher".Autrement dit, s'il y a libertĂ© de conscience, c'est pour la vĂ©ritĂ© "Il ne suffit donc pas de dire Ă  l'homme ObĂ©is toujours Ă  ta conscience. Il est nĂ©cessaire d'ajouter immĂ©diatement Demande-toi si ta conscience dit le vrai ou le faux, et cherche, sans te lasser, Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©" 2. La conscience est donc liĂ©e Ă  d'autres rĂ©fĂ©rences qu' conscience a besoin de guidesVoilĂ  qui peut ĂȘtre partagĂ© avec beaucoup de nos contemporains. N'oublions pas que la conscience, telle que nous l'avons vu fonctionner chez les dissidents des pays de l'Est dans les annĂ©es 70, ne saurait ĂȘtre de l'ordre de l'opinion et de l'arbitraire. Sinon, quelle serait sa force d'obligation et d'attestation ? À partir de lĂ , mĂȘme si les Ă©poques moderne et contemporaine ont connu une vĂ©ritable rĂ©volution dans la dĂ©finition de la conscience morale, l'opinion, de plus en plus rĂ©pandue, selon laquelle la conscience serait aujourd'hui la simple façade d'un nihilisme ou d'un relativisme moral exacerbĂ©s, n'est pas juste. Certes, la conscience morale ne fonctionne plus Ă  la maniĂšre des sources morales dont la thĂ©ologie chrĂ©tienne a fourni les modĂšles. Mais reste, dans le tĂ©moignage des dissidents, la question de l'accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ© et de l'intĂ©gritĂ© d'une vie qui en le problĂšme de la fragilitĂ© de la conscience. Car la conscience, ordonnĂ©e Ă  la vĂ©ritĂ©, ne devrait pas se tromper. Or l'expĂ©rience la plus courante lui apporte des dĂ©mentis. En fait, c'est une mĂ©prise que de penser que la conscience morale, spontanĂ©e, agirait comme par instinct et pourrait Ă©viter la rĂ©flexion, l'information, le dĂ©bat et le discernement. On peut ĂȘtre responsable de son erreur, notamment quand on nĂ©glige de dĂ©velopper ses connaissances morales, d'examiner les circonstances de l'action, ou lorsqu'on se laisse guider par paresse, prĂ©cipitation ou passion. C'est pourquoi on ne peut pas Ă©voquer la conscience morale sans parler de sa formation. La conscience a besoin de guides lecture sĂ©rieuse de l'Écriture, tradition, expĂ©rience partagĂ©e avec la communautĂ© croyante, Ă©coute des frĂšres, information... Nous ne pouvons ĂȘtre excusĂ©s d'une faute commise par ignorance que si nous avons fait ce qui est en notre pouvoir pour Ă©clairer notre action. La conscience est en nous le tĂ©moin et l'organe de la vĂ©ritĂ© et du bien. Elle en a les promesses. Elle ne peut pas se dispenser de les se construit dans le dialogueIl est difficile pour nos contemporains de juger de l'errance de la conscience dans un monde pluraliste, parce qu'ils sont incapables de reconnaĂźtre unanimement une vĂ©ritĂ© partagĂ©e et atteignable par tous. Pourtant, plus que jamais, face Ă  l'individualisme radical qui mĂšne Ă  un respect qui sonne faux quand il abandonne l'individu Ă  lui-mĂȘme, il nous faut tenir que la conscience se construit dans le dialogue. Elle se dĂ©truit et se pervertit dans l'isolement social. Sans dialogue, il n'y a pas de chance pour une universalisation de nos conduites comme signe que nous sommes compagnons de la mĂȘme pour cette raison que le thĂ©ologien protestant amĂ©ricain H. Richard Niebuhr dĂ©crivait l'expĂ©rience de la conscience morale comme "une conversation". Une conversation qui ne saurait faire fi des situations et de la temporalitĂ©, et qui oblige Ă  expliciter ses raisons et Ă  les soumettre Ă  la critique des autres. Par ce travail, la conscience peut se trouver fortifiĂ©e, confirmĂ©e ou transformĂ©e par la mĂ©diation d' la conscience puisse se laisser Ă©duquer par cette vie de relation entre les ĂȘtres se dĂ©fend d'autant plus thĂ©ologiquement que Dieu est pour le chrĂ©tien "moins l'autre extĂ©rieur Ă  toute relation que Celui qui, du dedans mĂȘme de la dĂ©marche humaine, contribue Ă  son bien-fondĂ© et donne le goĂ»t de s'avancer dans l'aventure de la communication" 3. LĂ  est sans doute une conviction essentielle du chrĂ©tien qui devrait lui permettre de comprendre pourquoi l'Église, tout en tenant Ă  l'Ă©minente dignitĂ© de la conscience personnelle, renvoie chacun au discernement en communautĂ©.1 Jean-Paul II, "Message pour la JournĂ©e de la Paix", La Documentation catholique, n° 2020, 20 janvier 1991, p. 54.2 Jean-Paul II, Audience gĂ©nĂ©rale du 17 aoĂ»t 1983, La Documentation catholique, n° 1860, 16 octobre 1983, p. 937.3 Paul Valadier, Éloge de la conscience, Seuil, 1994, p. 168.
Bonjourj'ai une dissertation à faire et je n'arrive pas à démarrer mon introduction et et à trouver une problématique.Ma question c'est: " Avons-nous un devoir envers la vérité? "

Augustin, de l'utilitĂ© de la foi. - CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VÉRITABLE?CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VÉRITABLE? 14. Maintenant j'achĂšverai ce que j'ai commencĂ©; mais, sans chercher Ă  t'exposer en ce moment la foi catholique, je t'engagerai Ă  en scruter les mystĂšres, et pour cela je te ferai voir comment ceux qui s'intĂ©ressent Ă  leur Ăąme, peuvent espĂ©rer de la faveur divine trouver la vĂ©ritĂ©. Chacun sait que celui qui recherche la vraie religion, croit dĂ©jĂ  Ă  l'immortalitĂ© de l'Ăąme Ă  qui cette religion est utile, ou encore qu'il veut trouver cette immortalitĂ© dans la religion mĂȘme. Toute religion a donc l'Ăąme pour cause; car la nature 41 du corps, quelle qu'elle soit, n'inspire ni souci ni inquiĂ©tude, surtout aprĂšs la mort, Ă  celui dont l'Ăąme a en vue d'ĂȘtre heureuse. Ainsi donc la religion, mĂȘme la plus vraie, s'il en est une, a Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  cause de l'Ăąme et de l'Ăąme seule. Mais cette Ăąme, nous verrons par quel motif, ce qui est fort obscur, je l'avoue; cette Ăąme commet des erreurs et des fautes, comme nous le voyons, jusqu'Ă  ce qu'elle atteigne et possĂšde la sagesse, et peut-ĂȘtre cette sagesse est-elle la vraie religion. Est-ce lĂ  te renvoyer Ă  des fables? Te forcĂ©-je Ă  croire quelque chose sans motif, au hasard? Je dis que notre Ăąme, entourĂ©e, enveloppĂ©e de toutes parts d'erreur et d'ignorance, cherche le chemin de la vĂ©ritĂ©, s'il en est un. Si les choses ne se passent pas ainsi en toi, pardonne-moi mon langage, et fais-moi part de ta sagesse, je te prie; mais si tu reconnais en toi ce que je dis lĂ , examinons la vĂ©ritĂ© ensemble. 15. Figure-toi que jusqu'ici nous n'avons entendu personne encore nous parler de la religion. C'est lĂ  pour nous une chose nouvelle, une affaire Ă  examiner. Sans doute que s'il existe une religion, il faut chercher des maĂźtres qui nous l'enseignent. Suppose que nous en avons trouvĂ© n'ayant pas les mĂȘmes idĂ©es, et dĂ©sirant nous attirer Ă  eux par des opinions diffĂ©rentes, mais qu'il en est quelques-uns dont la renommĂ©e pour le moment brille entre tous, et occupe l'attention de presque tous les peuples. C'est une grande question de savoir si ces derniers possĂšdent la vĂ©ritĂ©; mais ne faut-il pas tout d'abord les connaĂźtre, pour que notre erreur, bien naturelle, puisque nous sommes mortels, semble, tant qu'elle durera, partagĂ©e par le genre humain lui-mĂȘme? 16. Mais, diras-tu, la vĂ©ritĂ© ne se trouve que chez un petit nombre d'hommes. Tu sais donc dĂ©jĂ  ce qu'elle est, si tu sais chez qui elle est. Ne t'avais-je pas dit, il y a un instant, de la chercher avec moi comme si nous Ă©tions des novices? D'aprĂšs la nature mĂȘme de la vĂ©ritĂ©, tu penses donc que peu d'hommes la possĂšdent, mais tu ne sais pas qui ils sont; eh quoi? ces hommes peu nombreux qui connaissent le vrai, n'exercent-ils pas sur la multitude une autoritĂ© puissante, et ne voit-on pas de cette multitude sortir un petit nombre d'hommes seulement, capables de pĂ©nĂ©trer ces mystĂšres? Ne voyons-nous pas combien est petit le nombre de ceux qui atteignent Ă  la haute Ă©loquence, bien que dans tout l'univers les Ă©coles des rhĂ©teurs soient frĂ©quentĂ©es par une foule bruyante de jeunes gens? Est-ce que, effrayĂ©s de la multitude des ignorants, ceux qui veulent devenir de bons orateurs, croient devoir Ă©tudier les discours de CĂ©cilius ou d'Erucius plutĂŽt que ceux de CicĂ©ron? Tous vont aux oeuvres que le tĂ©moignage de nos pĂšres a consacrĂ©es. La foule des ignorants cherche Ă  s'instruire des mĂȘmes choses que le petit nombre des savants a cru devoir apprendre; mais fort peu les comprennent, bien moins encore les pratiquent, quelques-uns seulement s'y distinguent. La vraie religion ne serait-elle pas quelque chose de semblable?La multitude des ignorants ne frĂ©quente-t-elle pas les Ă©glises, sans ĂȘtre pour cela une preuve que personne d'entre eux soit profondĂ©ment versĂ© dans les mystĂšres de la foi? Et cependant, si ceux qui Ă©tudient l'Ă©loquence Ă©taient aussi peu nombreux que les hommes Ă©loquents, jamais nos parents ne croiraient devoir nous confier Ă  de pareils maĂźtres. Ainsi donc, puisque la multitude qui se compose en grande partie d'ignorants, nous invite Ă  ces Ă©tudes, et nous fait aimer ce qui ne peut ĂȘtre que le partage d'un petit nombre, pourquoi, quand il s'agit de la religion, ne pas accepter un motif semblable, et le mĂ©priser peut-ĂȘtre au grand prĂ©judice de notre Ăąme? Si le petit nombre de ceux qui pratiquent le culte de Dieu dans toute sa vĂ©ritĂ© et sa sincĂ©ritĂ©, voient cependant leurs opinions partagĂ©es par la multitude, malgrĂ© les passions,qui l'entraĂźnent et l'obscuritĂ© de son intelligence, ce dont on ne saurait douter; je te le demande, que pourrions-nous rĂ©pondre Ă  celui qui blĂąmerait notre lĂ©gĂšretĂ© et notre indolence, et qui nous verrait si peu empressĂ©s Ă  Ă©couter les docteurs sur des vĂ©ritĂ©s que nous avons Ă  coeur de connaĂźtre? La multitude m'a retenu? Mais pourquoi, s'il s'agit d'Ă©tudier les arts libĂ©raux, qui sont Ă  peine de quelque utilitĂ© pour la vie prĂ©sente, ou d'amasser de l'argent, ou d'arriver aux honneurs, ou d'acquĂ©rir et de conserver une bonne santĂ©, ou de jouir enfin des douceurs de la vie, pourquoi, quand tous se livrent Ă  des soins si rarement couronnĂ©s d'un plein succĂšs, n'en est-on pas dĂ©tournĂ© par la multitude? 17. Mais dans ces livres il y a des absurditĂ©s. Qui l'affirme? Des ennemis de l'Eglise sans doute; pour quel motif, pour quelle 42 raison, peu importe; il ne s'agit pas de cela maintenant, il suffit que ce soient des ennemis. Eu les lisant, j'ai pu en juger par moi-mĂȘme. Eh quoi! si tu n'entendais rien Ă  l'art des poĂštes, tu n'oserais pas toucher Ă  TĂ©rentianus Maurus sans le secours d'un maĂźtre; on a recours Ă  Asper, Ă  Cornutus, Ă  Donatus, et Ă  une foule d'autres, pour pouvoir entendre le premier venu de ces poĂštes dont les piĂšces obtiennent les applaudissements du théùtre; et quand il s'agit de ces livres qui, tout dĂ©criĂ©s qu'ils peuvent ĂȘtre, n'en sont pas moins saints et remplis de choses divines, de l'aveu du genre humain tout entier; tu te jettes dessus sans guide, tu oses porter sur eux un jugement sans consulter un maĂźtre; et si tu rencontres certaines choses qui paraissent absurdes, tu n'en accuses pas ton incapacitĂ© et la corruption dont ce monde a souillĂ© ton Ăąme et celle de tous les insensĂ©s; tu prĂ©fĂšres t'en prendre Ă  ces livres qui ne sauraient ĂȘtre entendus par des personnes de ton caractĂšre!Cherche un homme Ă  la fois pieux et instruit, ou qui, de l'avis d'un grand nombre, soit rĂ©putĂ© tel que ses leçons puissent te rendre meilleur et sa science plus habile. Tu ne le trouves pas facilement? Donne-toi de la peine pour le trouver. Il n'y en a pas dans le pays que tu habites? Quel motif pourrait te faire entreprendre un voyage plus utile? On n'en connaĂźt point du tout, ou bien il n'y en a pas sur le continent? Prends la mer. Situ n'en trouves point au rivage oĂč tu dĂ©barqueras, va-t-en jusqu'en ces contrĂ©es oĂč se sont passĂ©s, dit-on, les Ă©vĂ©nements contenus dans ces livres. Est-ce lĂ  ce que nous avons fait, mon cher Honorat? Et cependant cette religion peut-ĂȘtre trĂšs-sainte car j'en parle encore comme si c'Ă©tait chose douteuse, dont le culte a dĂ©jĂ  envahi l'univers tout entier, nous autres, chĂ©tifs enfants, nous avons portĂ© sur elle une sentence de condamnation 1 Mais si ces dĂ©tails qui, dans ces mĂȘmes Ecritures, semblent blesser quelques ignorants, ont Ă©tĂ© placĂ©s lĂ  pour que, en lisant des choses qui rĂ©pugnent au bon sens d'un homme quelconque, Ă  plus forte raison d'un homme sage et saint, nous en cherchions avec beaucoup plus de soin la secrĂšte signification? Ne vois-tu pas comment on cherche Ă  interprĂ©ter le mignon des Bucoliques, qui a dĂ©daignĂ©, un berger grossier; et comme on prĂ©tend que le jeune Alexis, sur lequel Platon passe pour avoir fait un poĂšme Ă©rotique, signifie quelque chose de grand, mais qui Ă©chappe au discernement des ignorants? On veut ainsi qu'un grand poĂšte ait pu faire entendre sans aucune impiĂ©tĂ© des chants licencieux. 18. Mais qui pouvait rĂ©ellement nous arrĂȘter et empĂȘcher nos recherches? Etait-ce la teneur de quelque loi, ou la puissance de nos adversaires, ou un caractĂšre vil chez les prĂȘtres, ou un renom fĂącheux, ou la nouveautĂ© de l'institution, ou un culte pratiquĂ© en secret? Rien de tout cela. Toutes les lois divines et humaines permettent de rechercher la foi catholique. Quant Ă  la conserver et Ă  la pratiquer, c'est chose autorisĂ©e, du moins parla loi humaine, si on ne sait encore ce que permet la loi divine tant qu'on est dans l'erreur. Notre faiblesse n'a pas Ă  craindre d'ennemi; du reste, si en cherchant la vĂ©ritĂ© et le salut de notre Ăąme par les voies les plus sĂ»res, nous ne pouvons y arriver, nous n'en devons pas moins poursuivre ce but Ă  travers tous les dangers. Toutes les dignitĂ©s, toutes les charges se dĂ©vouent avec ardeur Ă  ce culte divin; le nom de la religion est ce qu'il y a de plus honorable et de plus Ă©clatant. Qui empĂȘche enfin de voir et d'examiner avec un soin pieux, si cette religion est celle que nĂ©cessairement peu d'hommes connaissent et gardent dans toute sa puretĂ©, bien que tous les peuples manifestent pour elle des dispositions favorables? 19. Les choses Ă©tant ainsi, suppose, comme je l'ai dit, que,nous cherchions pour la premiĂšre fois la religion qui doit purifier et fortifier nos Ăąmes; sans aucun doute, il faut commencer par l'Eglise catholique. En effet, les chrĂ©tiens sont dĂ©jĂ  plus nombreux que les juifs rĂ©unis aux adorateurs des idoles. Or, ces mĂȘmes chrĂ©tiens, bien qu'il ait parmi eux plusieurs hĂ©rĂ©sies, que tous les sectaires prĂ©tendent ĂȘtre catholiques; et donnent le nom d'hĂ©rĂ©tiques Ă  ceux qui ne pensent pas comme eux, ces chrĂ©tiens, d'un avis unanime, forment une seule Eglise; et cette Eglise, Ă  considĂ©rer l'univers entier, est plus nombreuse, et, comme l'affirment ceux qui la connaissent, possĂšde une vĂ©ritĂ© plus pure que toutes les autres. Il ne s'agit pas ici de cette question de la vĂ©ritĂ©; ce qui suffit pour nos recherches, c'est que la seule Eglise catholique est celle Ă  laquelle les autres sectes donnent des noms divers, tandis qu'elles-mĂȘmes ont chacune une dĂ©signation propre qu'elles n'osent 43 repousser. On peut voir par lĂ , quand nulle influence n'agit sur nos jugements, Ă  quelle Ă©glise doit ĂȘtre attribuĂ© ce nom de catholique, objet de l'ambition de toutes. Mais, pour ne pas entrer inutilement dans une discussion fort longue et superflue, disons que l'Église catholique est certainement la seule oĂč les lois humaines elles -mĂȘmes sont aussi en quelque façon des lois chrĂ©tiennes. Je ne veux tirer de lĂ  aucune conclusion prĂ©judiciable; je me borne Ă  y voir un point de dĂ©part trĂšs-favorable pour nos recherches. Il n'est pas Ă  craindre que le vrai culte de Dieu soit dĂ©pourvu de toute force propre et ait besoin d'ĂȘtre soutenu par ceux qu'il doit au contraire soutenir; et certainement il est trĂšs-heureux que l'on puisse trouver la vĂ©ritĂ©, lĂ  oĂč il n'y a aucun danger ni Ă  la chercher ni Ă  la conserver; si on ne peut la trouver lĂ , c'est alors qu'il faut, au mĂ©pris de tous les dangers, aller la chercher VIII. COMMENT L'AUTEUR EST DEVENU CATHOLIQUE. 20. Les choses ainsi Ă©tablies, et, Ă  mon avis, elles sont si justes que je dois gagner ma cause auprĂšs de toi, quel que soit mon adversaire, je vais te faire connaĂźtre, autant que possible, la route que j'ai suivie, alors que je cherchais la vraie religion dans cet esprit qui doit, comme je viens de l'exposer, prĂ©sider Ă  cette recherche. DĂšs que je vous eus quittĂ©s et que j'eus traversĂ© la mer, je me sentis hĂ©sitant, incertain de ce que je devais croire, de ce que je devais rejeter. Cette hĂ©sitation augmenta de jour en jour du moment oĂč j'entendis cet homme, dont l'arrivĂ©e nous Ă©tait promise, tu le sais, comme celle d'un envoyĂ© du ciel, destinĂ© Ă  lever tous nos doutes, cet homme enfin qu'Ă  part une certaine Ă©loquence, j'ai reconnu ĂȘtre tel que les autres hommes. Je me mis Ă  rĂ©flĂ©chir en moi-mĂȘme, Ă  dĂ©libĂ©rer longuement, dans cette Italie oĂč j'habitais, me demandant, non pas si je resterais dans cette secte oĂč je me repentais de m'ĂȘtre engagĂ©, mais de quelle maniĂšre je trouverais la vĂ©ritĂ©, pour laquelle, tu le sais mieux que personne, j'ai versĂ© tant de soupirs. Souvent cette vĂ©ritĂ© me semblait ne pouvoir ĂȘtre trouvĂ©e, et, dans le tumulte de mes pensĂ©es, je me sentais entraĂźner vers la philosophie acadĂ©mique. Puis, me reprenant Ă  considĂ©rer de toutes mes forces l'esprit humain, si vif, si pĂ©nĂ©trant, si perspicace, je me disais que, si la vĂ©ritĂ© lui restait cachĂ©e, c'Ă©tait uniquement parce que le moyen de la chercher restait cachĂ© en elle, et qu'il fallait demander ce moyen lui-mĂȘme Ă  quelque autoritĂ© divine. Restait Ă  savoir quelle Ă©tait cette autoritĂ©, puisque, dans ce conflit d'opinions, chacun promettait de la faire connaĂźtre. Devant moi se prĂ©sentait donc une forĂȘt d'opinions sans issue, dans laquelle je regrettais beaucoup de m'ĂȘtre engagĂ©; et, pendant ce temps, mon esprit Ă©tait tourmentĂ© sans repos ni trĂȘve du dĂ©sir de trouver la vĂ©ritĂ©. Toutefois, je me dĂ©tachais de plus en plus des ManichĂ©ens que j'avais rĂ©solu d' une situation si pĂ©rilleuse, il ne me restait qu'Ă  supplier avec des larmes et d'une. voix lamentable la divine Providence de me' prĂȘter secours. C'est ce que je faisais assidĂ»ment, et dĂ©jĂ  quelques entretiens de l'Ă©vĂȘque de Milan m'avaient Ă  peu prĂšs Ă©branlĂ©, de sorte que je dĂ©sirais, non sans quelque espoir, Ă©tudier dans l'Ancien Testament mĂȘme, bien des passages qu'on nous avait fort mal prĂ©sentĂ©s, comme tu le sais, et que nous avions en horreur. J'avais enfin rĂ©solu d'ĂȘtre catĂ©chumĂšne dans l'Ă©glise oĂč j'avais Ă©tĂ© Ă©levĂ© par mes parents, jusqu'Ă  ce. que je pusse trouver ce que je dĂ©sirais, ou me persuader qu'il fallait renoncer Ă  mes recherches. Aussi eĂ»t-il trouvĂ© en moi un disciple bien prĂ©parĂ© et fort docile, le maĂźtre qui, Ă  cette Ă©poque, aurait pu m'instruire. Si donc tu vois que ton Ăąme ait Ă©tĂ© agitĂ©e longtemps comme la mienne et par des soucis semblables, s'il te semble que tu aies dĂ©jĂ  Ă©tĂ© assez ballottĂ©, si enfin tu veux mettre un terme aux ennuis de cette espĂšce; suis la voie de la doctrine catholique, qui est venue de JĂ©sus-Christ lui-mĂȘme par les ApĂŽtres jusqu'Ă  nous, et qui passera de nous aux gĂ©nĂ©rations IX. ÊTRE CROYANT ET ÊTRE CRÉDULE. 21. C'est lĂ  une chose ridicule, diras-tu, puisque tous prĂ©tendent possĂ©der cette doctrine et l'enseigner. - Que tous les hĂ©rĂ©tiques aient cette prĂ©tention, je ne puis le nier; mais en mĂȘme temps ils promettent Ă  ceux qu'ils veulent sĂ©duire, de rendre raison des choses les plus obscures, et par suite ils blĂąment surtout l'Église catholique d'imposer Ă  44 ceux qui viennent Ă  elle l'obligation de croire, tandis qu'eux se glorifient de ne pas imposer le joug de la foi, et d'ouvrir au contraire les sources de la science. Que peut-on avancer, me diras-tu, qui soit plus Ă  leur avantage? C'est une erreur. Leurs promesses ne reposent sur rien de solide; ils n'ont en vue que de se concilier la foule Ă  l'aide de ce mot, la raison. Naturellement l'esprit humain aime qu'on lui tienne ce langage, et sans considĂ©rer son Ă©tat de force et de santĂ©, il veut vivre comme s'il Ă©tait bien portant, d'une nourriture qui ne convient qu'aux forts, et il court aux poisons que lui verse le mensonge. Pour la vraie religion, Ă  moins de croire d'abord ce que chacun admet ensuite et comprend, s'il se conduit bien et s'il se montre digne d'elle, en un mot, Ă  moins de se soumettre Ă  quelque autoritĂ© imposante, il est impossible de s'en bien pĂ©nĂ©trer. 22. Mais peut-ĂȘtre ici dĂ©sires-tu avoir un motif pour te persuader que la foi doit avant la raison te servir de maĂźtre. La chose est facile, si toutefois tu m'Ă©coutes sans prĂ©vention. Mais, pour plus de commoditĂ©, je dĂ©sire que tu rĂ©pondes Ă  mes questions, et d'abord que tu me dises pourquoi il te semble que la foi doit ĂȘtre Ă©cartĂ©e. Parce que, diras-tu, la crĂ©dulitĂ© mĂȘme, d'oĂč vient le mot crĂ©dule, me semble ĂȘtre un dĂ©faut, sans quoi nous n'emploierions pas ce terme comme nous le faisons, dans un sens injurieux. Car si l'homme soupçonneux est rĂ©prĂ©hensible en ce qu'il soupçonne ce qui ne lui est pas dĂ©montrĂ©, combien est plus rĂ©prĂ©hensible l'homme crĂ©dule, qui ne diffĂšre du soupçonneux qu'en ce que l'un hĂ©site Ă  admettre ce qu'il ne connaĂźt pas, tandis que l'autre n'hĂ©site Pour le moment, j'admets cette opinion et cette distinction. Mais tu sais aussi que le mot curieux ne s'emploie guĂšre sans une idĂ©e de reproche, tandis que le mot studieux implique au contraire une idĂ©e d'Ă©loge. Voyons donc, si tu veux bien, la diffĂ©rence qu'il y a aussi pour toi entre ces deux termes. Tu rĂ©pondras sans doute que, bien que leur conduite Ă  tous deux soit inspirĂ©e par un grand dĂ©sir de savoir, cependant le curieux s'enquiert de choses qui ne le regardent pas, tandis que le studieux s'enquiert de choses qui le regardent. Mais un homme Ă©videmment est intĂ©ressĂ© au salut de sa femme et de ses enfants; eh bien! que cet homme, se trouvant en pays Ă©tranger, demande avec empressement Ă  tous ceux qui arrivent, comment se portent et ce que font sa femme et ses enfants, assurĂ©ment il est mĂ» par un grand dĂ©sir de connaĂźtre; et cependant nous ne l'appelons pas studieux, cet homme qui dĂ©sire vivement connaĂźtre, et connaĂźtre des choses qui l'intĂ©ressent au plus haut point. Tu vois donc que cette dĂ©finition du mot studieux, n'a rien de solide, puisque tout homme studieux vent connaĂźtre, il est vrai, des choses qui le concernent, mais que tous ceux qui agissent ainsi, ne peuvent ĂȘtre appelĂ©s de ce nom; il s'applique Ă  celui qui s'enquiert avec empressement de ce qui peut nourrir noblement et embellir son Ăąme. Cependant, nous appelons bien quelqu'un studens, surtout quand nous ajoutons ce qu'il dĂ©sire entendre dire. On peut aussi appeler studiosus suorum, celui qui n'aime que les siens; toutefois, si l'on n'ajoute pas un complĂ©ment, je ne,pense pas que l'on puisse dire en gĂ©nĂ©ral studiosus. Je ne dirais pas d'un homme dĂ©sireux d'apprendre ce que font les siens, qu'il est studiosus audiendi, Ă  moins que la joie d'apprendre une bonne nouvelle ne lui fĂźt souvent dĂ©sirer qu'on la lui rĂ©pĂ©tĂąt; mais je dirais qu'il est studens, ne posĂąt-il la question qu'une fois. Revenons maintenant au mot curiosus, et dis-moi si quelqu'un aimait entendre un conte qui ne lui servĂźt absolument Ă  rien, c'est-Ă -dire qui ne le concernĂąt pas, et cela, sans le demander d'une façon fatigante et souvent, mais fort rarement, fort tranquillement, Ă  table, ou dans quelque cercle, ou dans quelque rĂ©union, te paraĂźtrait-il curiosus? Je ne le pense pas; mais il te paraĂźtrait certainement soucieux de la chose qu'il aimerait entendre raconter. La dĂ©finition du mot curiosus doit donc ĂȘtre modifiĂ©e aussi de la mĂȘme façon que celle du mot studiosus. Vois s'il n'en est pas de mĂȘme des termes employĂ©s prĂ©cĂ©demment. Ne doit-on pas Ă©viter d'appeler soupçonneux celui qui a quelquefois quelque soupçon, et crĂ©dule celui qui croit quelquefois Ă  quelque chose? Ainsi, de mĂȘme qu'il y a une grande diffĂ©rence entre l'homme qui dĂ©sire quelque chose, et l'homme gĂ©nĂ©ralement dĂ©sireux, et aussi entre l'homme qui s'occupe d'une chose et l'homme curieux, il y en a une trĂšs-grande aussi, entre l'homme qui croit et l'homme X. LA FOI EST A LA PORTÉE DE TOUS. 23. Mais, diras-tu, voyons maintenant s'il faut croire quand il s'agit de la religion. Car si nous accordons que croire et ĂȘtre crĂ©dule sont deux choses diffĂ©rentes, il ne s'ensuit pas que croire, quand il s'agit de religion, ne soit pas blĂąmable. Ne pourrait-on pas dire que croire et ĂȘtre crĂ©dule sont mauvais tous deux, comme ĂȘtre ivre et1ĂȘtreivrogne? - Quand on a une pareille opinion, on ne peut selon moi avoir d'ami. Si en effet il est honteux de croire quelque chose, ou bien on a tort de donner sa confiance Ă  un ami, ou bien, en ne lui donnant pas sa confiance, je ne vois pas comment on appellera du nom d'ami ou soi-mĂȘme ou quelque autre. Ici tu me diras peut-ĂȘtre j'avoue que quelquefois il faut croire; mais fais-moi voir qu'en fait de religion, il n'y a pas de honte Ă  croire avant de savoir. - Je vais essayer, si je puis. Je te demanderai donc ce que tu crois ĂȘtre le plus blĂąmable, d'enseigner la religion Ă  un homme indigne, ou de croire ce que disent ceux qui l'enseignent. Tu ne comprends peut-ĂȘtre pas ce que j'entends par indigne; j'appelle ainsi l'homme qui vient Ă  la religion avec un coeur dissimulĂ©. Tu m'accorderas, je pense, qu'il y a bien plus de mal Ă  dĂ©couvrir Ă  un tel homme les saints mystĂšres, qu'Ă  avoir confiance en des hommes religieux qui affirment quelque chose sur la religion mĂȘme. En effet, ce serait mal Ă  toi de rĂ©pondre autrement. Suppose maintenant que tu as devant toi un homme qui va L'apprendre la religion; de quelle maniĂšre lui prouveras-tu que tu vas l'Ă©couter avec sincĂ©ritĂ©, et qu'il n'y a en toi ni mauvaise foi ni feinte en ce qui a trait Ă  la religion? Tu diras, la main sur la conscience, que tu es parfaitement sincĂšre, tu l'affirmeras avec des paroles de toutes tes forces, mais enfin ce ne seront que des paroles. Car tu ne saurais ouvrir Ă  ton semblable le fond de ton Ăąme pour qu'il y lise dans les replis les plus intimes. Mais s'il te dit En vĂ©ritĂ© je vous crois; or n'est-il pas plus juste que vous me croyiez aussi, puisque vous allez recevoir de moi un bienfait, s'il est vrai que je possĂšde quelque chose de la vĂ©ritĂ©? Ne rĂ©pondras-tu pas que tu dois le croire? 24. Mais, diras-tu, ne vaudrait-il pas mieux me donner la raison des choses, afin que, partout oĂč cette raison me conduirait, je puisse la suivre sans craindre de m'Ă©garer? C'est possible, mais il est bien difficile que tu arrives Ă  la connaissance de Dieu par la raison. Dis-moi en effet, crois-tu tous les hommes capables de saisir les raisonnements par lesquels on conduit l'esprit humain Ă  l'intelligence de la divinitĂ©? ou bien y en a-t-il un certain nombre, ou seulement fort peu? Fort peu, je crois, diras-tu. Crois-tu ĂȘtre du nombre? Tu diras ce n'est pas Ă  moi Ă  rĂ©pondre Ă  cette question. Tu crois donc que c'est encore ici au maĂźtre Ă  te croire, ce qu'il fait du reste. Rappelle-toi seulement qu'il t'a dĂ©jĂ  cru deux fois sans ĂȘtre certain de ta vĂ©racitĂ©, et toi, alors qu'il te parle,de religion, tu ne veux mĂȘme pas le croire une seule fois! Mais supposons que tu viennes avec toute la sincĂ©ritĂ© de l'Ăąme prendre des leçons sur la religion, et que tu sois du petit nombre de ces hommes capables de saisir les raisonnements par lesquels on arrive Ă  la connaissance certaine de la nature divine; les autres hommes qui ne sont pas douĂ©s d'un esprit aussi heureux, devra-t-on leur refuser l'entrĂ©e de la religion, ou bien les conduire lentement et par degrĂ©s jusqu'au fond du sanctuaire? Tu vois tout de suite combien ce dernier parti est plus religieux. En effet, nul homme, dĂ©sireux d'une chose aussi importante, ne saurait mĂ©riter Ă  tes yeux qu'on l'abandonne ou qu'on le repousse. Mais n'es-tu pas d'avis que si cet homme ne croit d'abord parvenir Ă  son but, s'il ne recoure Ă  la priĂšre, et ne se purifie par un certain genre de vie en se soumettant Ă  quelques prĂ©ceptes Ă©levĂ©s et nĂ©cessaires, il ne saurait comprendre une doctrine qui est la vĂ©ritĂ© pure? C'est ta pensĂ©e sans doute. Eh bien l ces autres hommes dans la classe desquels je veux bien te ranger, qui peuvent par une raison infaillible saisir trĂšs-facilement les secrets divins, quel inconvĂ©nient pour eux d'arriver par le chemin que suivent ceux qui commencent par croire? Aucun assurĂ©ment. Mais cependant, diras-tu, Ă  quoi bon les retarder? Parce que, si leur conduite rie leur nuit pas Ă  eux-mĂȘmes, leur exemple ne laisserait pas de nuire aux autres. Car bien peu d'hommes sentent ce dont ils sont vraiment capables le pusillanime a besoin d'ĂȘtre poussĂ©, le prĂ©somptueux, d'ĂȘtre retenu; afin que l'un ne succombe pas au dĂ©sespoirs et que l'autre ne soit pas emportĂ© par sa tĂ©mĂ©ritĂ©; ce qui est 46 facile Ă  obtenir, si ceux mĂȘmes qui peuvent voler, sont obligĂ©s, pour n'ĂȘtre pas un stimulant dangereux, de marcher quelque temps dans la voie qui offre aux autres pleine est la prĂ©voyance de la vraie religion; tel est l'ordre de la divinitĂ©, telle est la tradition de la bienheureuse antiquitĂ©, tradition conservĂ©e jusqu'Ă  nous. Vouloir y porter le trouble et le dĂ©sordre, c'est tout simplement chercher une voie sacrilĂšge pour arriver Ă  la vraie religion. Ceux qui agissent ainsi ne peuvent arriver Ă  leur but, quand mĂȘme on admettrait leurs prĂ©tentions. Eussent-ils en effet le gĂ©nie le plus Ă©levĂ©, si Dieu ne les soutient, ils rampent Ă  terre. Or, Dieu nous soutient si, quand nous cherchons Ă  le connaĂźtre, nous ne perdons pas de vue la sociĂ©tĂ© humaine. Il n'y a pas pour pĂ©nĂ©trer dans les secrets du ciel de moyen plus sĂ»r que celui-lĂ . Pour loi, je n'ai rien Ă  rĂ©pandre Ă  une pareille raison. Comment dire en effet que l'on ne doit jamais croire sans connaĂźtre, puisque, Ă  moins de croire quelque chose qui ne peut ĂȘtre dĂ©montrĂ© d'une maniĂšre positive, il n'y a pas d'amitiĂ© possible, et que souvent les maĂźtres ajoutent foi aux comptes de leurs esclaves sans encourir de reproche? Or, quand il s'agit de la religion, quoi de plus Ă©trange que de voir les prĂȘtres du Seigneur nous croire, alors que nous leur promettons de les Ă©couter sincĂšrement, tandis que nous, nous ne voulons pas croire Ă  ce qu'ils enseignent? Enfin peut-il y avoir une voie plus salutaire que de se mettre d'abord en Ă©tat de comprendre la vĂ©ritĂ©, en ajoutant foi Ă  des choses que la volontĂ© divine a Ă©tablies pour prĂ©parer et prĂ©disposer notre Ăąme? ou bien, si l'on est dĂ©jĂ  parfaitement propre Ă  comprendre la vĂ©ritĂ©, d'avancer quelque temps sur une voie parfaitement sĂ»re, plutĂŽt que d'ĂȘtre pour soi-mĂȘme une cause de danger, et pour les autres un exemple de tĂ©mĂ©ritĂ©?CHAPITRE 11. L'INTELLIGENCE, LA FOI ET L'OPINION. 25. Reste Ă  considĂ©rer pour quel motif ne doivent pas ĂȘtre suivis ceux qui promettent de nous conduire par 1a raison. DĂ©jĂ  nous avons dit comment on peut, sans ĂȘtre blĂąmable, suivre ceux qui nous ordonnent de croire; quant Ă  ces panĂ©gyristes de la raison, quelques personnes pensent qu'en allant Ă  eux, loin de mĂ©riter des reproches, elles font au contraire une action louable. Mais c'est une erreur. Il y a dans la religion deux sortes de gens dignes d'Ă©loge les uns qui ont dĂ©jĂ  trouvĂ© la vĂ©ritĂ©, et ceux-lĂ , il faut les considĂ©rer aussi comme trĂšs-heureux; les autres qui la cherchent avec beaucoup d'ardeur et de loyautĂ©. Les premiers sont donc dĂ©jĂ  en possession de la vĂ©ritĂ©, les autres sont seulement sur le chemin, mais avec la certitude d'y arriver. Le reste des hommes forme trois classes, qui toutes ne mĂ©ritent que la rĂ©probation et l'anathĂšme. L'une est celle des hommes qui n'ont que des opinions, c'est-Ă -dire, qui croient savoir ce qu'ils ne savent pas La seconde comprend ceux qui sentent, il est vrai, qu'ils ne savent pas, mais qui ne s'occupent pas des moyens de trouver. La troisiĂšme se compose de ceux qui, sans se figurer qu'ils savent, ne veulent pas chercher. Il y a pareillement dans les esprits humains trois faits analogues et bien dignes d'ĂȘtre remarquĂ©s; ce sont comprendre, croire, penser. A les considĂ©rer en eux-mĂȘmes, le premier n'est jamais blĂąmable, le second l'est quelquefois seulement, le troisiĂšme toujours. En effet, il y a un grand bonheur Ă  comprendre les choses grandes, honnĂȘtes, divines. Comprendre des choses superflues ne nuit en rien; seulement on s'est peut-ĂȘtre fait tort en les apprenant, parce qu'on leur a sacrifiĂ© des Ă©tudes nĂ©cessaires. Pour les choses nuisibles, il est malheureux non de les comprendre, mais de les commettre ou de les subir. Qu'un homme sache comment ses ennemis peuvent ĂȘtre tuĂ©s sans danger pour lui, ce n'est pas le fait de savoir, c'est le dĂ©sir qui le rend coupable; s'il n'a pas ce dĂ©sir, qu'y a-t-il de plus innocent que lui? Quant au fait de croire, il est blĂąmable lorsque -l'on croit sur Dieu quelque chose d'indigne de lui, ou que l'on croit sur l'homme Ă  la lĂ©gĂšre. Dans tout le reste on n'est pas blĂąmable de croire quelque chose, si on comprend qu'on ne sait pas cette chose. Je crois, par exemple, que des scĂ©lĂ©rats conjurĂ©s contre Rome ont pĂ©ri jadis, grĂące au courage de CicĂ©ron; or non-seulement je ne sais pas cela, mais mĂȘme je sais positivement qu'il m'est impossible de le savoir. Quant Ă  se faire des opinions, c'est pour deux motifs une chose trĂšs-blĂąmable, parce qu'on ne peut apprendre quand on s'est persuadĂ© qu'on sait dĂ©jĂ , si toutefois la chose peut ĂȘtre apprise; et que par elle-mĂȘme la lĂ©gĂšretĂ© est le signe d'un 47 esprit mal fait. Un homme a beau croire qu'il sait le trait que je viens de citer sur CicĂ©ron, du reste rien ne l'empĂȘche d'apprendre ce trait, bien qu'il soit impossible d'en constater la certitude scientifique,, comme il ne comprend pas qu'il y a une grande diffĂ©rence entre connaĂźtre une chose par un procĂ©dĂ© certain de l'intelligence, ce que nous appelons comprendre, et confier utilement cette chose Ă  la renommĂ©e ou aux lettres pour qu'elle soit crue de la postĂ©ritĂ©, cet homme certainement se trompe, et il n'est pas d'erreur qui n'entraĂźne un blĂąme. Ainsi donc, ce que nous comprenons, nous le devons Ă  la raison; ce que nous croyons, Ă  l'autoritĂ©; ce que nous nous figurons, Ă  l'erreur. Mais tout homme qui comprend, croit; il en est de mĂȘme de quiconque se figure une chose; tandis que l'homme qui croit ne comprend pas toujours, et que celui qui se figure une chose ne comprend jamais. Si donc nous rapprochons ces trois choses des cinq espĂšces de gens dont nous avons parlĂ© un peu plus haut, et dont les deux premiĂšres mĂ©ritent les Ă©loges, tandis que les trois autres sont blĂąmables; nous trouvons que la premiĂšre espĂšce, celle des heureux, croit Ă  la vĂ©ritĂ©, et que la seconde espĂšce, composĂ©e d'hommes dĂ©sireux et amateurs de la vĂ©ritĂ©, croit Ă  l'autoritĂ©. Chez ces deux espĂšces d'hommes la croyance est la premiĂšre classe des gens blĂąmables, composĂ©e de ceux qui se figurent savoir ce qu'ils ne savent pas, il y a certainement une crĂ©dulitĂ© rĂ©prĂ©hensible. Les deux autres classes qui mĂ©ritent la rĂ©probation, ne croient rien ce sont ceux qui cherchent la vĂ©ritĂ© sans espoir de la trouver, et ceux qui ne la cherchent pas du tout. Il ne s'agit ici que de choses qui ont rapport Ă  quelque science; car dans tout le reste de la vie, je ne vois pas comment un homme pourrait ne rien croire. Du reste ceux qui dans leurs actes disent qu'ils n'admettent que des probabilitĂ©s, veulent plutĂŽt passer pour ne pouvoir rien savoir que pour ne rien croire. Qui en effet ne croit pas ce qu'il approuve? ou comment ce qu'on admet, si on ne l'approuve pas, peut-il ĂȘtre probable? Ainsi donc on peut compter deux espĂšces d'adversaires de la vĂ©ritĂ© l'une comprend ceux qui attaquent la science seule ment, mais non la foi; l'autre ceux qui condamnent ces deux choses. Ces derniers toutefois peuvent-ils se rencontrer dans la vie humaine, je l'ignore encore. Si je suis entrĂ© dans ces dĂ©tails, c'est pour que nous voyions bien qu'avec la foi, mĂȘme aux choses que nous ne comprenons pas encore, nous Ă©chappons Ă  la lĂ©gĂšretĂ© des sceptiques. Car ceux qui disent qu'il ne faut rien croire que ce que nous savons, ne songent qu'Ă  se prĂ©munir contre cette qualification de sceptiques, qualification triste et honteuse, il faut l'avouer. Mais s'ils considĂ©raient attentivement qu'il y a une grande diffĂ©rence entre se figurer que l'on sait, et croire sur la foi de quelque autoritĂ© ce, qu'on voit que l'on ne sait pas, ils Ă©viteraient certainement tout reproche d'erreur, d'arrogance et d' XII. LA SOCIÉTÉ HUMAINE REPOSE SUR LA FOI. 26. Je le demande en effet si l'on ne doit pas croire ce qu'on ne sait pas, comment des enfants seront-ils soumis Ă  leurs parents, et rendront-ils affection pour affection Ă  des personnes qu'ils ne croiront pas ĂȘtre les auteurs de leurs jours? Car c'est lĂ  une chose que la raison est impuissante Ă  faire connaĂźtre. En ce qui concerne le pĂšre, on croit sur l'intervention et l'autoritĂ© de la mĂšre; pour la mĂšre elle-mĂȘme, on s'en rapporte non Ă  son tĂ©moignage, mais Ă  celui des sages-femmes, des nourrices, des serviteurs. Car celle Ă  qui l'on peut dĂ©rober son fils pour lui en substituer un autre, ne peut-elle pas, Ă©tant trompĂ©e, tromper Ă  son tour? Nous croyons cependant Ă  ses paroles, et nous y croyons sans aucune hĂ©sitation, parce que nous avouons que nous ne pouvons savoir. Sans cela ne verrait-on pas la piĂ©tĂ© filiale, ce lien sacrĂ© de la sociĂ©tĂ©, dĂ©daignĂ©e et outragĂ©e par le crime? En effet, quel homme est assez insensĂ© pour trouver blĂąmable celui qui rendrait les devoirs d'usage aux personnes qu'il croirait ĂȘtre ses parents, dut-il se tromper? Qui, au contraire, ne jugerait digne d'extermination celui qui n'aurait pas le moindre amour pour des personnes qui sont peut-ĂȘtre ses parents vĂ©ritables, parce qu'il craint que son amour ne se trompe d'objet? On peut donner bien des raisons qui prouvent que rien absolument dans la sociĂ©tĂ© ne reste debout, si nous sommes dĂ©cidĂ©s Ă  ne rien croire, parce que nous ne pouvons pas avoir une connaissance exacte. 27. Voici maintenant une chose dont j'espĂšre 48 te persuader plus facilement. Quand il s'agit de la religion, c'est-Ă -dire du culte et de l'intelligence de la divinitĂ©, il ne faut pas suivre ceux qui nous dĂ©fendent de croire en nous promettant si facilement la raison de tout. Personne n'ignore que parmi les hommes il n'y a que des insensĂ©s et des sages. J'appelle sages non pas ceux qui sont ingĂ©nieux et habiles, mais ceux qui ont, autant qu'il soit possible Ă  l'homme, une connaissance sĂ»re et nette de l'homme lui-mĂȘme et de Dieu, et dont la vie et les moeurs sont conformes Ă  cette connaissance; tous les autres, au contraire, quelle que soit leur maniĂšre de vivre, active ou dĂ©soeuvrĂ©e, estimable ou blĂąmable, je les mets au rang des insensĂ©s. Les choses Ă©tant ainsi, quel homme est assez peu intelligent pour ne pas voir clairement qu'il est plus utile pour les insensĂ©s et plus salutaire de se conformer aux prĂ©ceptes des sages, que de vivre selon leurs propres lumiĂšres? Car toute action qui n'est pas bonne est un pĂ©chĂ©, et il est impossible que ce qui ne vient pas de la droite raison, soit bien. Or la droite raison, c'est la vertu mĂȘme. Et dans quel homme trouvera-t-on la vertu, si elle n'est pas dans l'Ăąme du sage? Ainsi donc le sage seul ne pĂšche pas. Par suite tout insensĂ© pĂšche, si ce n'est dans les actes oĂč il obĂ©it au sage; car les actes de ce genre viennent de la droite raison, et l'insensĂ© ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le maĂźtre de son action, si je puis parler ainsi, quand il est comme l'instrument et le serviteur du sage. Par consĂ©quent, si pour tous les hommes il vaut mieux ne pas pĂ©cher que pĂ©cher; tous les insensĂ©s assurĂ©ment vivraient mieux, s'ils pouvaient ĂȘtre les serviteurs des sages. Si ce point est sans contredit d'une grande utilitĂ© quand il s'agit de choses moins importantes, comme d'acheter ou cultiver un champ, de se marier, d'avoir et d'Ă©lever des enfants, enfin d'administrer sa fortune, combien n'est-il pas plus utile quand il s'agit de la religion? Car les choses humaines sont plus faciles Ă  connaĂźtre que les choses divines, et dans toutes celles qui ont un caractĂšre plus prononcĂ© de saintetĂ© et de grandeur, le pĂ©chĂ© est d'autant plus criminel et plus Ă  craindre que nous devons avoir pour ces choses plus de dĂ©fĂ©rence et de respect. Tu vois donc immĂ©diatement que, tant que nous sommes insensĂ©s, si nous avons Ă  coeur de mener une vie pure et religieuse, il ne nous reste qu'une chose Ă  faire, chercher des sages dont les conseils puissent nous servir Ă  sentir vivement le joug de notre folie, pendant qu'il pĂšse sur nous, et Ă  nous en dĂ©barrasser un jour. Augustin, de l'utilitĂ© de la foi. - CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VÉRITABLE?

.. cette triste nouvelle. Que le Cardinal CAFFARA repose en paix, qu
A-t-on le droit de se taire quand on connaĂźt la vĂ©ritĂ© ?Analyse du sujetSe taire, c'est Ă©videmment ne pas dire. ConnaĂźtre la vĂ©ritĂ©, c'est savoir. Se taire quand on connaĂźt la vĂ©ritĂ© constitue ce qu'on appelle en morale le mensonge par omission. Il s'agit donc de s'interroger sur un cas particulier de sens du problĂšmeLa question posĂ©e est celle du "droit" c'est Ă  dire de la lĂ©gitimitĂ©. Est-il lĂ©gitime de mentir par omission ? Est-ce moral, sinon toujours au moins parfois ? La question est donc de savoir s'il y a vraiment un devoir de vĂ©ritĂ© et en ce cas il est sans exception car tout devoir est absolu ou si, au contraire, il est parfois moral de ne pas dire. La question est celle de la vĂ©racitĂ©. Faut-il toujours ĂȘtre vĂ©race ou a-t-on parfois le droit de s'abstenir et alors quand ce droit existe-t-il ?RĂ©ponse spontanĂ©eLe mensonge par omission est un mensonge. SpontanĂ©ment nous le condamnons. La rĂ©ponse spontanĂ©e est donc une tradition fait de la vĂ©ritĂ© un devoir le christianisme considĂšre que tout mensonge, y compris celui par omission, est un pĂȘchĂ©. Quant au philosophe, n'est-il pas celui qui aime et se doit d'enseigner donc de dire la vĂ©ritĂ© ? Pourtant, en mĂȘme temps, il nous arrive d'affirmer que toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă  dire et il existe des circonstances oĂč je sais pertinemment que dire la vĂ©ritĂ© nuira Ă  autrui. Que faut-il alors en penser Y a-t-il un devoir absolu de vĂ©ritĂ© ou est-il parfois moral de taire ce qu'on sait ? L'enjeu de cette question est celui de nos devoirs envers autrui, s'il est vrai que la parole est un acte social. Il est clair qu'il existe des circonstances oĂč ne pas dire la vĂ©ritĂ© est une lĂąchetĂ© mais faut-il en conclure que la vĂ©racitĂ© est un devoir c'est Ă  dire un impĂ©ratif universel ? Si on peut lĂ©gitimer le mensonge par omission, alors en quelles circonstances et selon quels critĂšres est-ce possible et quelles en sont les consĂ©quences sur la morale ?I Le devoir de Il est des vĂ©ritĂ©s qu'on n'a pas le droit de existe des vĂ©ritĂ©s pour lesquelles ce serait une faute que de se taire. Comment appelle-t-on la vertu qui consiste Ă  dire la vĂ©ritĂ© quand on la connaĂźt ? AndrĂ© Comte-Sponville l'appelle la bonne foi. L'homme de bonne foi dit ce qu'il pense ĂȘtre vrai Ă  tort ou Ă  raison et pense vrai ce qu'il dit. C'est l'homme on oppose ordinairement la sincĂ©ritĂ© Ă  l'hypocrisie et au mensonge, termes qui ont une connotation nĂ©gative au plan moral. S'il est vrai que la philosophie est l'amour de la vĂ©ritĂ©, cette vertu semble ĂȘtre la vertu philosophique par est clair qu'il est des cas oĂč ne pas dire la vĂ©ritĂ© est une lĂąchetĂ© et la dire une forme de courage. C'est ce que souligne Sartre. la revue Les Temps Modernes, Sartre souligne le devoir de vĂ©ritĂ© de l'Ă©crivain qui se doit de dĂ©noncer tout scandale qu'il connaĂźt au point que le silence est une sorte de complicitĂ© du crime " L'Ă©crivain est en situation dans son Ă©poque chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la rĂ©pression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas Ă©crit une ligne pour l'empĂȘcher. Ce n'Ă©tait pas leur affaire dira-t-on ? Mais le procĂšs de Calas, Ă©tait-ce l'affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, Ă©tait-ce l'affaire de Zola ? L'administration du Congo, Ă©tait-ce l'affaire de Gide ? Chacun de ces auteurs, en une circonstance particuliĂšre de sa vie, a mesurĂ© sa responsabilitĂ© d'Ă©crivain. " Situations, II Ainsi, la responsabilitĂ© de l'Ă©crivain est de dire la vĂ©ritĂ© quand il la bien des circonstances, nous reprochons aux hommes d'avoir tu quand ils savaient. Quand les responsables d'EDF ont tu la vĂ©ritĂ© sur le nuage radioactif issu de l'accident de Tchernobyl survolant le territoire français, nous avons criĂ© au scandale. Le mensonge d'État fĂ»t-il par omission nous rĂ©volte et quand la vĂ©ritĂ© Ă©clate notre conscience morale est heurtĂ©e par tout ce qu'on nous a cachĂ©. Nous attendons de nos dirigeants qu'ils nous disent la vĂ©ritĂ© mĂȘme, et surtout, si elle n'est pas "bonne Ă  entendre". Il nous semble ici que le proverbe ment toute vĂ©ritĂ© est bonne Ă  dire si notre vie ou l'exercice de notre citoyennetĂ© sont en cause. Il y va de l'exercice de la mĂȘme, il nous semble y avoir un devoir de vĂ©ritĂ© en histoire. Celui qui a vĂ©cu les drames de l'histoire se doit de tĂ©moigner par respect envers les victimes. Quant aux tĂ©moins dans un procĂšs, il est de leur devoir de dire toute la vĂ©ritĂ©. De la personne qui sait pertinemment que l'enfant de son voisin est battu et qui n'alerte personne, on dira qu'elle est coupable de non-assistance Ă  personne en danger. Les exemples y a donc bien des vĂ©ritĂ©s qu'on n'a pas le droit de taire. Mais faut-il en conclure que ce serait le cas de quelques vĂ©ritĂ©s mais alors lesquelles ? Selon quels critĂšres les dĂ©terminer ? ou notre devoir de dire est-il universel ? Du reste un devoir est universel ou n'est pas. C'est en tout cas ce que pense devoir de vĂ©ritĂ© est l'opuscule Sur un prĂ©tendu droit de mentir par humanitĂ©, Kant dĂ©fend l'universalitĂ© du devoir de part de l'examen d'un exemple extrĂȘme, mais c'est justement son caractĂšre extrĂȘme qui le rend exemplaire. Supposons que quelque criminel me somme de dire quelque chose qui met ma vie ou celle d'un autre en danger. Par exemple il me force Ă  avouer oĂč se cache mon ami pour le tuer. Ai-je le droit de me taire voire de mentir ou dois-je quand mĂȘme dire la vĂ©ritĂ© ?Kant rĂ©pond que la vĂ©racitĂ© dans ses dĂ©clarations est un devoir absolu de l'homme envers chacun, si grave soit le prĂ©judice qui peut en rĂ©sulter pour lui. Si, en ne disant pas la vĂ©ritĂ©, je ne commets, certes, aucune injustice Ă  l'Ă©gard du criminel qui me force Ă  parler, j'en commets nĂ©anmoins une envers la morale c'est Ă  dire envers l'humanitĂ©. C'est en effet la grandeur de l'homme que de pouvoir fonder une morale puisque celle-ci est l'Ɠuvre de la raison, facultĂ© qui nous distingue de l'animal. Agir contre la morale c'est donc porter atteinte Ă  l'humanitĂ© elle-mĂȘme. DĂšs lors il est faux de dire que la vĂ©ritĂ© puisse nuire aux hommes. C'est au contraire le mensonge mĂȘme par omission qui nuit Ă  l'humanitĂ© et donc Ă  autrui. MĂȘme si se taire ne nuit pas Ă  un individu en particulier, cela nuit Ă  l'humanitĂ© toute entiĂšre. Il faut bien voir, en effet, qu'admettre mĂȘme une seule infraction Ă  la morale, c'est crĂ©er un prĂ©cĂ©dent qui conduit Ă  admettre toutes les infractions. Il n'y a plus de limite. La morale s'Ă©croule et, puisqu'elle nous distinguait de la bĂȘte, ce qui en rĂ©sulte est un retour de l'homme Ă  l'animalitĂ©. Kant ajoute que le mensonge par bontĂ© d'Ăąme peut mĂȘme, par accident, tomber sous le coup de la loi civile. Or, ce qui n'Ă©chappe Ă  la sanction que par accident est injuste. Le droit a valeur universelle. Une action ne saurait ĂȘtre juste dans certains cas et injuste dans d' par mensonge, on empĂȘche quelqu'un d'agir alors qu'il s'apprĂȘte Ă  commettre un meurtre on est alors juridiquement responsable de toutes les consĂ©quences qui pourraient en dĂ©couler. En revanche, si l'on s'en tient Ă  la stricte vĂ©ritĂ©, la justice publique ne peut s'en prendre Ă  nous, quelles que puissent ĂȘtre les consĂ©quences imprĂ©vues qui en rĂ©sultent. Dans notre exemple, le meurtrier seul est responsable. Il est possible qu'aprĂšs avoir rĂ©pondu loyalement par l'affirmative au meurtrier qui demande si mon ami est dans ma maison, ce dernier en soit sorti sans qu'on le remarque et que le forfait n'ait pas lieu. Mais si, faute d'avoir dit la vĂ©ritĂ©, le meurtrier rencontre par hasard mon ami, alors c'est moi qui suis responsable du crime. En effet, si j'avais dit la vĂ©ritĂ©, peut-ĂȘtre le meurtrier aurait pu ĂȘtre arrĂȘtĂ© par un voisin accouru et le crime aurait alors pu ĂȘtre empĂȘchĂ©. Celui qui ment, mĂȘme avec gĂ©nĂ©rositĂ©, doit rĂ©pondre des consĂ©quences de son mensonge mĂȘme devant les tribunaux civils. La vĂ©racitĂ© est un devoir et si on admet la moindre infraction au devoir, celui-ci s' une nouvelle intitulĂ©e Le Mur, Sartre raconte une histoire qui ressemble Ă  l'exemple kantien. Un rĂ©sistant est arrĂȘtĂ© et ses bourreaux le forcent Ă  dire, sous peine de mort, oĂč sont cachĂ©s ses amis. Le rĂ©sistant donne une fausse adresse. Par malheur, entre temps ses amis ont changĂ© de cachette et se trouvent justement Ă  l'adresse donnĂ©e aux bourreaux. Ils sont arrĂȘtĂ©s. Selon Sartre, le hĂ©ros de cette histoire a fait preuve de mauvaise foi. Il a voulu se donner un dĂ©lai. Il a refusĂ© sa mort. Il ne devait pas mentir. Pour Sartre, du reste, il ne devait pas non plus dire la vĂ©ritĂ©. Il devait justement se taire. Kant va beaucoup plus loin. Nous n'avons pas le droit de nous taire car se taire est encore mensonge. Le commandement de la raison qui implique de toujours dire la vĂ©ritĂ© est sacrĂ© et ne peut ĂȘtre limitĂ© par aucune convenance. Il faut toujours ĂȘtre vĂ©ridique. Si cela nuit, c'est par accident et cela pourrait donc ĂȘtre d'autrui qu'il mente pour nous ĂȘtre utile manifeste une prĂ©tention contraire Ă  toute lĂ©galitĂ©. Tout homme a, non seulement le droit mais aussi le devoir le plus strict d'ĂȘtre vĂ©ridique. La vĂ©ritĂ© n'est pas un bien dont on serait propriĂ©taire et sur lequel on pourrait reconnaĂźtre un droit Ă  l'un tandis qu'on le refuserait aux autres. Le devoir de vĂ©racitĂ© ne fait aucune diffĂ©rence entre les personnes envers lesquels il serait possible de s'en excepter. Un principe moral reconnu vrai ne doit jamais ĂȘtre abandonnĂ© quels que soient les dangers apparents. Le danger de nuire accidentellement est en effet un danger moins important que celui de commettre une injustice en gĂ©nĂ©ral, de commettre une infraction Ă  la morale il semble que nous n'ayons pas le droit de nous taire. Pourtant, le rigorisme kantien ne constitue-t-il pas une vision finalement trĂšs abstraite de la morale ? Peut-on la figer dans cet absolu formel ? Contrairement Ă  ce que dit Kant, n'y a-t-il pas bel et bien des exceptions Ă  la rĂšgle de la vĂ©ritĂ© ?II Faut-il vraiment toujours dire la vĂ©ritĂ© ?1 Les circonstances du droit de se position de Kant, comme le souligne AndrĂ© Comte- Sponville dans son Petit traitĂ© des grandes vertus, nous semble aujourd'hui insoutenable. Sous la seconde guerre mondiale, celui qui cachait un juif ou un rĂ©sistant dans son grenier se devait-il d'en aviser la Gestapo ? Tout homme de devoir se sentira ici non seulement dans son droit en se taisant mais considĂšrera mĂȘme que c'est son mĂȘme quand le prisonnier torturĂ© par la police nazie refuse de livrer ses amis et se tait sous la torture, nous ne dirons pas qu'il commet une injustice. Nous Ă©prouverons au contraire du respect pour celui qui mĂȘme dans une situation intolĂ©rable a su faire son devoir. Or cet exemple n'est guĂšre diffĂ©rent de l'exemple kantien. Certes, comme Kant, nous admettons que mentir, au sens d'Ă©noncer quelque chose de faux, n'est pas moral. Mais personne ne peut me forcer Ă  parler. Se taire, c'est affronter la torture, la mort mais c'est aussi ne pas se faire complice du crime. N'est-il pas clair ici que le sacrifice d'un homme en empĂȘche beaucoup d'autres ?Il est, du reste, des professions oĂč l'obligation de se taire est prĂ©sentĂ©e comme un devoir absolu auquel on ne saurait dĂ©roger. Que penser d'un mĂ©decin qui trahit le secret mĂ©dical ou d'un prĂȘtre qui ne respecte pas le secret de la confession mĂȘme si on lui avoue un crime ?Reste enfin le cas d'Ă©cole qu'on Ă©voque toujours, Ă  savoir le cas de conscience du mĂ©decin qui sait que son malade va mourir. La question ici n'est pas simple et, justement, n'est-ce pas la simplifier Ă  l'extrĂȘme que de dire "il faut dire la vĂ©ritĂ©" ? Alors que Kant affirme qu'il faut dire la vĂ©ritĂ©, Yankelevitch rĂ©torque que ce serait, sans raison, infliger la torture du fait, nous savons bien que tout dĂ©pend des circonstances et que la rĂšgle morale appliquĂ©e universellement, ici le serait aveuglĂ©ment. Dire la vĂ©ritĂ© au mourant qui la rĂ©clame et qui est capable de la supporter, c'est sans aucun doute l'aider Ă  mourir dans la luciditĂ© lui mentir n'est-ce pas lui voler sa mort ?, dans la paix, la dignitĂ© et non dans l'illusion ou la dĂ©nĂ©gation. Que reste-t-il au mourant sinon le droit Ă  une mort digne ? Parfois, du reste, la vĂ©ritĂ© prolonge la vie. Pensons au cas du cancĂ©reux qui lutte lucidement et courageusement contre la maladie et guĂ©rit. Comme le fait remarquer Comte-Sponville aurait-on pu cacher la vĂ©ritĂ© au Christ, Ă  Socrate, Ă  Épicure ou Spinoza s'ils s'Ă©taient trouvĂ©s dans de telles circonstances ? La rĂ©ponse est bien sĂ»r nĂ©gative. Mais en mĂȘme temps, nous ne sommes pas le Christ ou Socrate et si l'autre ne peut pas supporter la vĂ©ritĂ©, si c'est l'illusion qui le fait vivre, s'il ne veut pas savoir, faut-il lui imposer la vĂ©ritĂ© ? Il serait imbĂ©cile et lĂąche, souligne Comte-Sponville " d'imposer aux autres un courage dont on n'est pas sĂ»r d'ĂȘtre soi-mĂȘme capable. " Au mourant de dĂ©cider s'il faut ou non tout lui dire et nul n'a le droit de le faire Ă  sa place. Mais c'est dire qu'ici il n'est pas de rĂšgle absolue. Reste alors cette question fondamentale comment discriminer ce qui est ici juste ou non quels sont les critĂšres ? et quelles sont les consĂ©quences sur la morale ?2 Les critĂšres du droit de se la vĂ©racitĂ© n'est pas un devoir aussi absolu qu'il y paraissait d'abord, c'est qu'il existe des valeurs au-dessus d' seconde formulation de l'impĂ©ratif catĂ©gorique kantien prĂ©cise qu'il faut prendre l'humanitĂ©, dans sa personne comme dans celle d'autrui, toujours en mĂȘme temps comme une fin et jamais seulement comme un le mĂ©decin se tait par compassion envers celui qui ne veut pas savoir, il prend son malade comme fin comme d'ailleurs lorsqu'il dit la vĂ©ritĂ© Ă  qui la rĂ©clame. Quand le torturĂ© refuse de livrer ses amis, il les prend comme une fin, alors mĂȘme que le bourreau, lui, l'utilise comme un moyen. En fin de compte, la valeur reste l'homme et le respect qu'on lui doit. Il faut mettre l'homme au-dessus de la existe bien des valeurs supĂ©rieures Ă  la vĂ©ritĂ© comme, par exemple, l'assistance Ă  personne en danger. Nous donnions l'exemple des voisins qui savent qu'un enfant est battu. Il leur faut alors parler. Mais inversement quand celui qu'on torture se tait devant ses bourreaux, c'est qu'il pense que parler mettra ses amis en danger. Et pour l'ami dont un meurtrier me demande oĂč il se trouve n'en est-il pas de mĂȘme ? Il est en danger. Il faut que je me taise. Quant Ă  assĂ©ner la vĂ©ritĂ© Ă  celui qui en sera Ă©crasĂ©, ce n'est pas bonne foi mais violence, brutalitĂ©, insensibilitĂ©. Prendre l'homme comme fin reste le dirons qu'il faut dire la vĂ©ritĂ© quand on ne manque pas par-lĂ  Ă  quelque vertu plus haute et plus urgente. Comme l'Ă©crit Yankelevitch " Malheur Ă  ceux qui mettent au-dessus de l'amour la vĂ©ritĂ© criminelle de la dĂ©lation ! Malheur aux brutes qui disent toujours la vĂ©ritĂ© ! " TraitĂ© des vertus, la sincĂ©ritĂ©.Quoi qu'il en soit, se taire par intĂ©rĂȘt n'est jamais moral puisque alors on se sert des autres. C'est l'Ă©goĂŻsme. À cet Ă©gard, le cas du mensonge politique est Ă©clairant. De qui refuse de dire la vĂ©ritĂ© parce qu'il a peur de perdre des voix aux Ă©lections, nous dirons qu'il se sert des autres et est donc immoral. Mais celui qui tait la vĂ©ritĂ© parce qu'il vise une citĂ© plus juste et plus raisonnable prend l'humanitĂ© comme fin et nous ne saurions le lui fond, tout est question de cas particuliers et il semble bien que la vĂ©racitĂ© ne relĂšve pas d'une loi universelle. À la maniĂšre d'Aristote, il nous faut distinguer le juste et l'Ă©quitable. MĂȘme si une rĂšgle est juste, elle ne sera Ă©quitable qu'Ă  la condition de savoir l'adapter aux cas particuliers. La morale est-elle affaire de gĂ©nĂ©ralitĂ© ? Comment mettre en Ɠuvre une morale abstraite hors de toute dĂ©termination sociale, historique et psychologique ? Qu'on ne se trompe pas ! C'est le principe mĂȘme de la morale que nous mettons ici en cause car une morale non universelle n'est plus une morale mais du moralisme. Mais peut-ĂȘtre effectivement n'existe-t-il que du moralisme. Ceci Ă©tant dit, dire qu'il existe des cas particuliers, des exceptions Ă  la rĂšgle de vĂ©racitĂ©, ce n'est pas nier l'existence de la rĂšgle. S'il y a des cas de conscience, tout n'est pas sujet Ă  cas de conscience. Comme l'Ă©crit Montaigne " Il ne faut pas toujours dire tout, car ce serait sottise ; mais ce qu'on dit, il faut qu'il soit tel qu'on le pense, autrement c'est mĂ©chancetĂ©. ". C'est dire que le droit de se taire n'est bien sĂ»r pas un droit universel et n'est pas non plus le droit de dire ce qu'on sait ĂȘtre est parfois permis de se taire quand on connaĂźt la vĂ©ritĂ©. Il n'en reste pas moins vrai que les circonstances de ce droit restent exceptionnelles. L'idĂ©al reste une sociĂ©tĂ© oĂč la vĂ©ritĂ© est une valeur. Mais, justement, cela reste un idĂ©al et, en fin de compte, le suprĂȘme mensonge n'est-il pas de croire que la vĂ©ritĂ© est toujours possible. L'idĂ©al de transparence entre les hommes est-il un idĂ©al sĂ©rieux ? Ne portons-nous pas tous des masques sociaux, ne jouons-nous pas toujours des rĂŽles que les contraintes sociales nous imposent et qui sont en fin de compte des mensonges ? Sartre soulignait que l'homme qui se prĂ©sente comme absolument sincĂšre est en fait de mauvaise foi. Il n'est pas sincĂšre, il a Ă  l'ĂȘtre, ce qui est diffĂ©rent. Car s'il est parfois permis de taire aux autres ce que je sais, il n'est pas permis de se mentir Ă  soi-mĂȘme. En ce qui me concerne, je dois chercher la vĂ©ritĂ© c'est Ă  dire philosopher, car la philosophie est l'amour de la vĂ©ritĂ©.
LespiĂšges Ă  Ă©viter ‱ La notion de devoir ne doit pas vous inviter Ă  rĂ©citer ce que vous connaissez de la morale kantienne. ‱ « Chercher la vĂ©ritĂ© » ne concerne pas que le scientifique (ou le philosophe) : ne consacrez pas votre copie Ă  leur seule dĂ©ontologie. Il n’y a pour l’instant aucun texte sur cette page ; vous pouvez lancer une recherche sur le titre de cette page ou modifier cette page. Citationssur Croire nous empĂȘche t-il de chercher la vĂ©ritĂ©? : Impossible pour moi, de croire Ă  une vĂ©ritĂ© qui serait derriĂšre nous. La seule vĂ©ritĂ© Ă  laquelle je crois en est une qui se dĂ©couvre lentement, graduellement, pĂ©niblement, et qui imperceptiblement s'augmente chaque jour. -

Re Philo 2012 Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? par Nelson Lun 18 Juin - 1337On devrait plutĂŽt dire "les vĂ©ritĂ©s", car elles sont encore, nous n'avons aucun moyen cognitif d'en ĂȘtre sommes condamnĂ©s Ă  les chercher, au risque de stagner et, ipso facto, de ce n'est pas vers la philo que nous devrions nous pose beaucoup de questions sans jamais donner de la FM peut-elle nous y aider en principe Re Philo 2012 Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? par rbbe41 Lun 18 Juin - 1341Pourquoi dire les vĂ©ritĂ©s plutot qu'une vĂ©ritĂ© ? Comme tu le dis, on n'a pas moyen de vĂ©rifier mĂȘme qui me chatouille dans la question c'est le mot devoir. Un devoir est imposĂ© par quelque chose. La sociĂ©tĂ© est ce qui me vient en premier. J'aurais bien reformulĂ© la question en " Sommes nous lĂ©gitime pour chercher la vĂ©ritĂ©". Ou "La recherche de vĂ©ritiĂ© est-elle lĂ©gitime ?" Re Philo 2012 Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? par LordToms Lun 18 Juin - 1440Bonne question... Mais peut-ĂȘtre mal formulĂ©e ? Je suis de l'avis de rbbe concernant le terme de "devoir". Car "devoir" a une connotation d'obligation. De lĂ  peut-on vraiment chercher "la vĂ©ritĂ©" si nous y sommes obligĂ©s ? Cela voudrait donc aussi dire qu'il n'y a qu' "une vĂ©ritĂ©" c'est donc fortement rĂ©ducteur et ça appuie je trouve encore plus sur le fait qu'il y a ici une obligation de trouve LA vĂ©ritĂ©. Celui qui pose la question ici ne s'attend qu'Ă  UNE seule et UNIQUE vĂ©ritĂ©, alors qu'elles sont multiples. Car aprĂšs tout l'histoire nous l'a prouvĂ© Ă  maintes reprises seuls les gagnants inscrivent leur vĂ©ritĂ© dans l'histoire, les perdants, eux, n'y auront jamais le droit. Re Philo 2012 Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? par Littlewingrunner Lun 18 Juin - 1520La formulation n'est pas Ă  mettre en cause il faut prendre les implications du mot devoir, ce n'est pas nĂ©cessairement une obligation du dehors, ce qui signifie contrainte. Mais cela peut aussi ĂȘtre une impulsion de nature, c'est Ă  dire l'homme a le devoir, au vu de sa condition d'ĂȘtre imparfait, de chercher une nĂ©cessitĂ© ontologique si l'on prĂ©fĂšre. Si l'on reformule par " sommes nous lĂ©gitimes pour chercher la vĂ©ritĂ©" on perd tout le problĂšme. D'ailleurs en rĂ©pondant Ă  la question on peut montrer que la rĂ©ponse ne peut ĂȘtre fournie clairement mais que la question centrale c'est celle que tu poses. La formulation des questions en philosophie n'est pas dogmatique... Petit point sur la distinction contrainte / obligation. La contrainte est formulĂ©e de l'extĂ©rieur, par exemple la sociĂ©tĂ© sur l'individu. L'obligation elle est une intĂ©riorisation volontaire d'une norme, c'est Ă  dire qu'on dĂ©cide d'obĂ©ir Ă  quelque chose et de la respecter, cette forme de devoir n'est nullement antinomique avec une forme de libertĂ©. Pour ce qui est du devoir je pense qu'il est grandement rĂ©ducteur de le prendre uniquement sous l'aspect contrainte et que cela conduit Ă  un traitement partiel et tronquĂ© du sujet. Un devoir peut ĂȘtre de plusieurs nature une nĂ©cessitĂ© ontologique l'homme tel qu'il est ne peut que chercher et ne peut pas avoir de position d'indiffĂ©rence , existentielle l'homme est fait tel qu'il est poussĂ© nĂ©cessairement vers la connaissance des causes , utilitaire pour vivre et devenir maĂźtre de la nature il faut que l'homme cherche la vĂ©ritĂ© pour connaĂźtre le mĂ©canisme des phĂ©nomĂšnes etc...Bref il ne faut jamais prĂ©supposer qu'un terme est univoque, mais une des rĂ©ponses Ă  la question est Ă©videmment de dire que l'on a aucun devoir de cette sorte du coup il faut expliquer pourquoi anthropologiquement cela peut ĂȘtre fondĂ© et que l'homme peut aussi bien rester dans l'ignorance des causes et de la connaissance comme une grande majoritĂ© des gens aujourd'hui, qui ne cherche pas Ă  savoir et prĂ©fĂšrent regarder secret story . On peut aussi rĂ©pondre en disant que la recherche de la connaissance plus que de la vĂ©ritĂ©, qui suppose une possibilitĂ© de l'atteindre, on peut substituer Ă  ce terme la vĂ©risimilaritĂ© de Popper est un moyen de se dĂ©passer et d'ouvrir son ĂȘtre Ă  la transcendance ce qui dĂ©passe la condition initiale de l'homme plutĂŽt que de rester dans l'immanence la pure reproduction de son ĂȘtre tout les jours. Edit on pouvait donc fort bien construire toute une dissertation sur cette notion de devoir qu'on devait distinguer avec le pouvoir Ă©videmment, le devoir comme nĂ©cessitĂ© morale et non nĂ©cessitĂ© efficiente pour donner un autre argument contre la contrainte, qui pouvait structurer un raisonnement et nuancer la question inaugurale. Re Philo 2012 Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? par InvitĂ© Lun 18 Juin - 1721Je ne sais pas si nous avons le devoir de chercher la vĂ©ritĂ©, mais je pense que nous devons surtout nous "arranger" avec le sens que l'on donne Ă  ce mot ! A mon avis nous avons le devoir de ne pas chercher de contre-vĂ©ritĂ©s ! Lorsqu'il s'agit de soigner des maladies, j'estime que sur le plan Ă©thique, humain nous avons le devoir de chercher la vĂ©ritĂ©, afin de soigner. Lorsqu'il s'agit de savoir s'il existe d'autres ĂȘtres pensants Ă  l'autre bout de l'univers, ou s'il existe des microbes sur Mars, je trouve qu'il n'y a lĂ  aucun devoir de vĂ©ritĂ©, et Ă  mon sens c'est une perte de temps. Donc pour moi cette question est trĂšs subjective. A mon sens elle est soumise au psychisme individuel et collectif. Certains estimeront qu'il est de leur devoir de chercher Ă  savoir ceci ou cela, pendant que d'autres s'en ficheront comme d'une guigne ! La vĂ©ritĂ© du croyant n'est pas celle de l'athĂ©; la vĂ©ritĂ© de celui qui a vu Mr X n'est pas celle de celui qui a vu Mr X en le prenant pour Mr Y ! Je pense aussi que l'on se construit sa vĂ©ritĂ©, mĂȘme si l'on admet les autres, par exemple le fait que la Terre tourne autour du Soleil. Imaginons aussi un autre cas je suis convaincu qu'il existe quelque chose, parce que j'ai pu le vĂ©rifier. Je le raconte Ă  un ami qui me dit que lui aussi est convaincu mais du contraire ! Et il me dit que lui aussi a pu le vĂ©rifier ! Dois-je estimer que j'ai le devoir de chercher ma vĂ©ritĂ© ou la sienne ? Peut ĂȘtre mĂȘme que nous nous sommes trompĂ©s tous les deux ? Auquel cas, nous ne dĂ©tenons aucune vĂ©ritĂ©. Personnellement, je me sentirais dans le devoir de chercher LA vĂ©ritĂ©, mais ni celle de mon ami ni la mienne, celle que je pense correspondre Ă  ce qui est. Mais les choses sont-elles toujours vraies ? Et la vĂ©ritĂ© est-elle toujours condamnĂ©e Ă  n'ĂȘtre qu'une tautologie ?Selon moi tout est basĂ© sur la perception que nous avons de la vĂ©ritĂ©, mais si nous la situons dans le continuum temporel, un fait qui s'est dĂ©roulĂ© Ă  un instant t est passĂ©, et toutes les interprĂ©tations que nous en ferons par la suite seront nĂ©cessairement approximatives. Mais je pense que nous pouvons trĂšs bien vivre avec ce que nous appelons la vĂ©ritĂ©, celle qui nous guide durant nos vies, et nous permet de ne pas nous Ă©garer dans le mensonge. Par exemple si un enfant dit la vĂ©ritĂ© Ă  sa mĂšre Ă  propos de ses notes, je pense qu'il fait bien ! Dans le cas contraire bonjour les ennuis ! Je plaisante je plaisante, mais tout ce que j'ai exposĂ© ici n'est qu'un exercice de style, et je ne prĂ©tends dĂ©tenir aucune vĂ©ritĂ© sur le sujet ! 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LECHRETIEN ET LA DÎME. Je voudrais, en ce dĂ©but d'annĂ©e 2019, souhaiter Ă  tous et Ă  toutes, une annĂ©e de grande intimitĂ©, de communion et d'accomplissement avec le Seigneur notre PĂšre et notre Dieu.A prĂ©sent que je renoue avec mes lecteurs dans l'animation de ma page "Devoir de VĂ©ritĂ©", je voudrais partager avec vous cette autre vĂ©ritĂ© du Seigneur sur le privilĂšge dont

Archives liste des articles archivĂ©s ProgrĂšs technique et pluralisme Ă©thique, par CĂ©line Ehrwein Remarques prĂ©liminaires J’ai Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  m’exprimer dans ce colloque en tant qu’éthicienne protestante. Cette appellation peut sembler un peu prĂ©tentieuse au premier abord VoilĂ  quelqu’un qui vient nous faire la morale, qui vient nous dire comment il faut agir. Bref, voilĂ  quelqu’un qui prĂ©tend nous rĂ©vĂ©ler la "grande vĂ©ritĂ© Ă©thique"». Je voudrais prĂ©ciser d’emblĂ©e que ce n’est pas du tout comme cela que j’envisage mon travail. De fait, je ne crois pas que mon rĂŽle d’éthicienne soit de dire la vĂ©ritĂ© en matiĂšre de bien et de mal. Ma tĂąche consiste plutĂŽt Ă  offrir des outils, des moyens de rĂ©flexion qui nous permettent Ă  chacun et chacune de comprendre et d’évaluer les motivations de nos actions. Il s’agit donc d’analyser de façon critique les valeurs auxquelles nous croyons et les rĂšgles morales auxquelles nous nous soumettons parfois sans mĂȘme nous en rendre compte. Et cela, afin de nous aider Ă  nous orienter dans les choix individuels et collectifs que nous faisons chaque jour. J’estime en outre que je suis d’abord Ă©thicienne, avant d’ĂȘtre thĂ©ologienne. Cela signifie qu’il est important pour moi de distinguer les aspects strictement Ă©thiques d’un problĂšme du regard spĂ©cifique qu’une tradition religieuse comme la tradition chrĂ©tienne peut porter sur ce problĂšme. Cette exigence est sans doute un peu illusoire, car il n’est de loin pas toujours Ă©vident de sĂ©parer la question Ă©thique et l’approche religieuse de cette question Ă©thique. Il arrive ainsi assez souvent qu’une femme refuse un avortement pour des motifs religieux. La problĂ©matique Ă©thique croise alors directement la problĂ©matique religieuse. Je pense nĂ©anmoins qu’il est nĂ©cessaire de diffĂ©rencier les deux niveaux. Car ce n’est qu’en respectant les diffĂ©rents aspects d’un problĂšme qu’il est possible d’éviter qu’une tradition religieuse ne s’impose d’emblĂ©e comme la vĂ©ritĂ© Ă©thique sur ce questions Ces quelques prĂ©cisions faites, il m’est dĂšs lors possible d’aborder le sujet de cet exposĂ© qui comporte en fait deux questions. a il s’agit tout d’abord de nous interroger sur la vĂ©ritĂ©, et plus particuliĂšrement, sur la vĂ©ritĂ© en Ă©thique. Existe-il une vĂ©ritĂ© en Ă©thique ? Quelle est-elle ? D’oĂč vient-elle ? Est-ce une vĂ©ritĂ© qui nous est imposĂ©e par la nature ? Par Dieu ? Ou bien, au contraire, il n’y a pas de vĂ©ritĂ© Ă©thique ? Ou, il y en a plusieurs une vĂ©ritĂ© Ă©thique du christianisme, une vĂ©ritĂ© Ă©thique de l’Islam, une vĂ©ritĂ© athĂ©e, une vĂ©ritĂ© libĂ©rale? b la deuxiĂšme question concerne le problĂšme de l’interdit. Parler de permissivitĂ© Ă©thique, comme je le fais dans le titre de ma contribution, suggĂšre en effet que si certaines choses sont permises, d’autres ne le sont pas. Autrement dit, il existe des interdits. Que signifient ces interdits ? Pourquoi et au nom de quoi peut-on interdire certains actes ? Est-il encore lĂ©gitime de nos jours d’interdire ? Nous essayerons de rĂ©pondre Ă  ces questions et de montrer le lien qui les unit. I . Interdit, devoirs et normes des contraintes indispensables Ă  la vie en sociĂ©tĂ© Je voudrais commencer par rappeler briĂšvement le rĂŽle fondamental que joue l’interdit non seulement dans la constitution de l’individu, mais aussi pour la vie de la sociĂ©tĂ©. a Sans entrer dans les dĂ©tails, disons simplement que la psychanalyse a mis en Ă©vidence l’importance de l’Interdit pour la santĂ© psychique de l’individu. L’Interdit pour Freud est donnĂ© par la Loi du PĂšre. Cette Loi instaure des limites Ă  la jouissance de l’individu. Or, c’est prĂ©cisĂ©ment parce que la Loi limite la jouissance que la jouissance devient possible. Autrement dit, l’Interdit pose le cadre Ă  l’intĂ©rieur duquel l’individu peut satisfaire son besoin de jouissance sans que ce besoin ne se retourne contre lui. Freud jouera d’ailleurs sur les mots en disant que l’Interdit ouvre l’espace de l’inter-dit», c’est-Ă -dire l’espace qu’il y a entre les dits, entre les mots. b Outre leur fonction centrale pour la santĂ© psychique de l’individu, les interdits jouent Ă©galement un rĂŽle essentiel pour la constitution de la sociĂ©tĂ©. Ainsi, par exemple, l’interdit du meurtre est nĂ©cessaire Ă  la survie de la sociĂ©tĂ©. Imaginons une sociĂ©tĂ© oĂč le meurtre serait autorisĂ©, et oĂč l’on pourrait tuer son voisin sans craindre d’ĂȘtre condamnĂ© par la justice. Une telle situation serait totalement invivable le droit de tuer autrui et de se venger du meurtre d’un proche risquerait en effet d’entraĂźner au final la mort de tous .1 c Pour Freud, il existe trois interdits fondamentaux l’inceste, le meurtre et le cannibalisme. Mais on s’accorde en gĂ©nĂ©ral pour reconnaĂźtre qu’il existe d’autres interdits. On reconnaĂźt ainsi qu’il est en principe interdit de voler, de porter un faux tĂ©moignage contre autrui, d’emprisonner quelqu’un sans raison, de torturer une personne, etc. Le philosophe Paul RicƓur a beaucoup insistĂ© dans son Ɠuvre sur l’importance des interdits pour la vie en sociĂ©tĂ©. Il a notamment montrĂ© comment l’interdit vient mettre un frein Ă  la violence qui naĂźt de notre dĂ©sir de libertĂ©. Ma libertĂ©, si elle est au dĂ©part une bonne chose, risque en effet toujours de se transformer en acte de violence contre l’autre. L’interdit a donc une fonction nĂ©gative il est une limite Ă  ma libertĂ©. Ce n’est pas parce que je suis un ĂȘtre libre que je peux faire n’importe quoi au nom de ma libertĂ©. Ma libertĂ© ne m’autorise pas Ă  attenter Ă  la vie d’autrui et Ă  ses intĂ©rĂȘts. d Mais l’interdit a aussi une fonction positive. En effet, comme je l’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©, la limite que pose l’interdit ouvre aussi l’espace de ce qu’il est permis de faire. Ainsi par exemple, l’interdiction de voler libĂšre la voie Ă  une multitude d’autres actions possibles. Dire qu’il est interdit de voler, c’est aussi dire quelque part qu’il est permis d’échanger, de partager, de donner, de prĂȘter. e À cĂŽtĂ© des interdits, il existe encore d’autres rĂšgles morales. Je veux parler ici des devoirs. À l’inverse des interdits qui s’expriment de façon nĂ©gative ne fais pas ceci, ne fais pas cela», les devoirs se formulent de façon positive si tu veux ĂȘtre heureux et vivre en paix avec les autres, alors tu dois faire ceci». Ils sont Ă©galement indispensables Ă  la vie de la sociĂ©tĂ©. Parmi les diffĂ©rents devoirs, nous trouvons le devoir de porter secours Ă  une personne en danger, le devoir de respecter autrui, le devoir des parents de s’occuper de leurs enfants de les nourrir, de les loger, de les Ă©duquer, etc. f Les interdits et les devoirs forment ensemble ce que nous appelons les normes» .2 Ces normes ont toutes la mĂȘme fonction elle visent Ă  assurer la survie et le bien-ĂȘtre de la sociĂ©tĂ©. Et, c’est prĂ©cisĂ©ment parce que les normes sont si importantes, parce que sans elles les relations sociales seraient menacĂ©es, que personne ne peut prĂ©tendre leur Ă©chapper et refuser de s’y soumettre, sauf Ă  se mettre dĂ©libĂ©rĂ©ment en marge de la sociĂ©tĂ©. En principe, les normes sont donc valables pour tout le monde indiffĂ©remment et personne ne peut contester leur validitĂ©. II. La remise en question de l’interdit Or, on constate justement qu’aujourd’hui les normes sont de plus en plus contestĂ©es. De plus en plus de gens s’opposent Ă  l’idĂ©e que l’on puisse imposer des rĂšgles de conduite et contraindre chacun Ă  agir de telle ou telle maniĂšre. Cette remise en question des normes est selon moi la consĂ©quence de deux phĂ©nomĂšnes. 1. La LibertĂ© une entrave Ă  l’interdiction Le premier est liĂ© Ă  l’importance croissante que nous accordons Ă  la libertĂ© de l’individu. Ce phĂ©nomĂšne touche tout particuliĂšrement le domaine des interdits. De nos jours, tout le monde s’accorde pour dire que la libertĂ© individuelle est une valeur essentielle .3 Dans nos sociĂ©tĂ©s libĂ©rales et dĂ©mocratiques, la libertĂ© a d’ailleurs acquis une telle place que l’on est de moins en moins prĂȘts Ă  accepter que des interdits viennent la limiter. Du coup, il devient toujours plus difficile de justifier l’établissement de certaines interdictions. Je ne veux dire par lĂ  que les interdits sont en train de disparaĂźtre. Mais force est de constater que notre rapport Ă  l’interdit a changĂ©. Si nous sommes aujourd’hui encore disposĂ©s Ă  accepter que des normes limitent notre agir, c’est uniquement parce que nous estimons que c’est le seul moyen de protĂ©ger notre libertĂ©. En effet, si je veux pouvoir librement faire du commerce, choisir ma religion, parler et exprimer mon opinion, alors il faut que je m’astreigne Ă  certaines rĂšgles de conduite minimales. L’interdit est donc envisagĂ© comme quelque chose d’essentiellement nĂ©gatif il est un mal nĂ©cessaire auquel je consens dans le seul but de conserver ma libertĂ©. 2. L’écroulement de la vĂ©ritĂ© Ă©thique et ses consĂ©quences pour notre conception de l’interdit Le deuxiĂšme phĂ©nomĂšne qui conduit selon moi Ă  une remise en question des normes sociales est liĂ© Ă  la maniĂšre dont nous envisageons la question de la VĂ©ritĂ©. a On s’accorde en gĂ©nĂ©ral pour reconnaĂźtre que notre Ă©poque, que nous avons coutume d’appeler l’époque moderne, se distingue des Ă©poques prĂ©cĂ©dentes par le fait que nombre de nos certitudes se sont Ă©croulĂ©es. En effet, les grandes rĂ©volutions technologiques l’apparition du train, le dĂ©veloppement de l’industrie, la dĂ©couverte de nouveaux continents, d’autres façons de vivre, de croire, de penser, l’émergence de l’imprimerie et de nouveaux modes de communication, tous ces changements sont venus bouleverser notre conception traditionnelle du monde. Du coup, nos anciens schĂ©mas de pensĂ©e, notre ancienne façon d’organiser les rapports sociaux, de croire en Dieu, tout cela ne fonctionne plus de maniĂšre Ă©vidente. Nous sommes dĂšs lors conduits Ă  modifier notre ancienne vision du monde et Ă  rĂ©-agencer les rapports entre la religion, l’économie, la politique, l’éthique, etc. Alors que par le passĂ© ces diffĂ©rents domaines formaient entre eux un ensemble relativement cohĂ©rent, on peine parfois aujourd’hui Ă  voir encore le lien qui les unit. Ainsi, par exemple, la relation de continuitĂ© qu’il y avait autrefois entre l’organisation monarchique de la vie politique et la vision religieuse du monde semble s’ĂȘtre progressivement estompĂ©e. Il devient toujours plus difficile de percevoir le rapport qu’il y a entre notre conception de l’État moderne et notre vision de la religion ces deux domaines nous semblent de plus en plus Ă©trangers l’un Ă  l’autre. Le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui nous apparaĂźt comme fragmentĂ©. Il se compose d’une multitude de systĂšmes diffĂ©rents le systĂšme Ă©conomique, le systĂšme religieux, le systĂšme juridique, le systĂšme politique, etc. qui fonctionnent chacun selon sa logique propre. Chaque domaine de la vie a ses propres rĂšgles, sa propre cohĂ©rence, ses propres critĂšres d’organisation, bref sa propre vĂ©ritĂ©. La VĂ©ritĂ© avec un grand V, celle qui organisait les diffĂ©rents domaines de la vie entre eux et qui donnait une certaine cohĂ©rence Ă  notre vision du monde, n’existe donc plus. Mais nous avons dĂ©sormais affaire Ă  une pluralitĂ© de vĂ©ritĂ©s partielles la vĂ©ritĂ© Ă©conomique, la vĂ©ritĂ© Ă©thique, la vĂ©ritĂ© religieuse, etc.. Ce phĂ©nomĂšne de fragmentation de la VĂ©ritĂ© se poursuit et s’accentue de nos jours au point que chaque systĂšme tend Ă  se subdiviser Ă  son tour. Ainsi, le domaine de l’éthique se morcelle en une multitude de vĂ©ritĂ©s Ă©thiques4. Chaque culture, chaque groupe social, chaque personne mĂȘme possĂšde sa vĂ©ritĂ© Ă©thique. Il n’y a plus un seul comportement juste face Ă  la question de l’avortement, de l’euthanasie ou du maĂŻs transgĂ©nique, mais plusieurs attitudes semblent Ă©galement dĂ©fendables d’un point de vue Ă©thique. b Il va sans dire que cette multiplication des vĂ©ritĂ©s Ă©thiques nous fait tendre vers un certain relativisme. DĂšs lors qu’il n’existe plus une seule vĂ©ritĂ© Ă©thique, toutes les Ă©thiques se valent, aucune n’est meilleure que l’autre et plus personne ne peut prĂ©tendre dĂ©fendre des normes plus justes ou des valeurs plus prĂ©cieuses que les autres. Il devient du coup d’autant plus difficile d’imaginer des normes morales communes. En effet, comment et au nom de quelle vĂ©ritĂ© supĂ©rieure aurait-on le droit d’interdire tel ou tel comportement, d’imposer telle ou telle rĂšgle morale ? Chacun n’a-t-il pas le droit de dĂ©fendre sa propre conviction, sa propre croyance Ă©thique? Notre rapport Ă  l’euthanasie est Ă  ce titre exemplaire, et ce d’autant plus que l’on touche avec elle Ă  l’interdit fondamental du meurtre. Il est intĂ©ressant en effet de noter que chacun envisage cette question Ă  partir de ce qui constitue pour lui la vĂ©ritĂ©. Certains estiment ainsi qu’il faut autoriser l’euthanasie. D’autres qu’elle doit ĂȘtre punie. D’autres encore pensent qu’il est indispensable de condamner moralement l’euthanasie, mais qu’il n’est pas nĂ©cessaire de poursuivre juridiquement les mĂ©decins qui la pratiquent. Face Ă  une telle diversitĂ© d’opinions Ă©thiques, est-il encore possible de trouver un consensus Ă©thique ? Dans ce contexte de relativisme Ă©thique, il semble illusoire de vouloir instaurer des normes morales communes. Cependant, comme je l’ai dĂ©jĂ  dit, nous avons besoin de telles rĂšgles pour pouvoir vivre ensemble. Nous avons besoin d’interdits pour mettre un frein Ă  la violence inhĂ©rente Ă  notre libertĂ©. Mais une restauration des rĂšgles morales est-elle encore possible aujourd’hui ? Ne risque-t-on pas d’aboutir inĂ©vitablement Ă  une nouvelle absolutisation des normes ? Peut-on imposer des rĂšgles de vie commune sans sombrer dans le moralisme et la dictature de l’éthique ? Autrement dit, est-il vraiment possible d’établir des interdits sans porter atteinte Ă  la libertĂ© de l’individu ? L’ébranlement de nos certitudes morales semble avoir radicalement mis en doute toute tentative visant Ă  rĂ©aliser un accord sur ce qu’il est juste de faire et sur ce qui ne l’est pas, de sorte qu’il ne paraĂźt plus possible aujourd’hui d’assurer la validitĂ© de nos choix et de nos actions. CĂ©line Ehrwein haut La religion et la morale, par Alain Houziaux Il faut clairement distinguer la morale de la plupart des religions n’ont pas de dimension champ de la religion, c’est celui du rituel, du sacrĂ©, de la puretĂ©, de la mystique, ce qui n’a rien Ă  voir avec la morale. La morale est une composante du fait humain et non du fait religieux. Elle est de l’ordre des mƓurs et non de la foi. “La morale n’est pas un ordre venu de dehors, mĂȘme du ciel ; c’est la voix de la raison humaine, mĂȘme si celle-ci est reconnue, aprĂšs coup, par certains, comme une voix divine”1. La morale, c’est un fait naturel2 par opposition Ă  surnaturel. La morale, c’est le propre de l’homme mĂȘme si ses formes dĂ©pendent non seulement de sa nature mais aussi de sa culture. La morale a pour objet le bien et le le bien et le mal ne sont pas des valeurs religieuses, mais simplement des valeurs Ă  CĂ©sar ce qui est Ă  n’est pas nĂ©cessaire d’ĂȘtre croyant pour ĂȘtre moral, Dieu merci ! Ainsi, il n’y pas une morale qui serait chrĂ©tienne et qui, de ce fait, serait diffĂ©rente de la morale laĂŻque et n’y a pas de morale et mĂȘme l’agape, c’est-Ă -dire l’amour gratuit, n’est pas l’apanage du Christianisme mais relĂšve de la dignitĂ© de l’homme et d’une exigence universelle. ‱ Et pourtant, il faut le reconnaĂźtre, la morale de notre civilisation s’est formĂ©e sur l’influence du judaĂŻsme et du semble contredire le point prĂ©cĂ©dent, mais en fait il n’en est rien. Pour tenter de prĂ©ciser les relations complexes entre le judĂ©o-christianisme et la morale, on peut reprendre la mĂ©taphore du conte d’Andersen Le vilain petit JudaĂŻsme et le Christianisme ont donnĂ© naissance Ă  la morale un peu comme les canards du conte on couvĂ© l’Ɠuf du judĂ©o-christianisme a couvĂ© et Ă©levĂ© la morale, mais la morale n’est pas nĂ©e du est le “vilain petit canard” du judĂ©o-christianisme. Ainsi la religion n’est en rien la mĂšre de la le fait d’ĂȘtre “religieux” n’implique pas que l’on soit “moral”.Il se peut mĂȘme que le sentiment religieux soit si fort et si exclusif qu’il oblitĂšre le sens moral naturel le fanatisme religieux en est un exemple. Et de mĂȘme, dans une sociĂ©tĂ© donnĂ©e, la morale prend de l’importance lorsque la religion et le surnaturel perdent de leur importance et peut-ĂȘtre mĂȘme parce qu’ils perdent de leur importance c’est sans doute ce qu’il se passe en ce moment.Et c’est pourquoi la morale peut apparaĂźtre comme un hĂ©ritage du sentiment religieux. ‱ On peut dire en effet que la morale, c’est ce qu’il reste de la religion quand il n’y a plus de religion. Ainsi, “la morale, c’est ce qui reste de la peur quand on l’a oubliĂ©e” peur est une caractĂ©ristique fondamentale de la peur, c’est la peur de Dieu et de son jugement. Et cette peur a pour avatar5 le sens moral lorsque la religion se perd, c’est-Ă -dire lorsque la peur de Dieu se effet le dĂ©sir de se conduire de maniĂšre morale procĂšde d’une forme de crainte, la crainte de dĂ©mĂ©riter, la crainte de ne pas faire son devoir, la crainte d’ĂȘtre mal cette crainte peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une rĂ©manence du sentiment religieux. Ainsi de mĂȘme, la morale, c’est ce qu’il reste du commandement religieux de l’amour et du sacrifice de soi lorsqu’il n’est plus considĂ©rĂ© comme un commandement de l’amour gratuit et du sacrifice de soi est une prescription de la religion et en particulier de la religion si cette prescription religieuse perd son caractĂšre absolu et sacrificiel par exemple parce qu’elle est jugĂ©e masochiste et culpabilisante, l’exigence morale prend le morale appelle Ă  un ersatz de l’amour. “La morale est un semblant d’amour agir moralement, c’est agir comme si l’on aimait”6. Ainsi encore, la morale, c’est Ă©galement ce qu’il reste de la prĂ©dication de JĂ©sus-Christ, lorsqu’on a oubliĂ© son sens et sa radicalitĂ© iconoclaste. La prĂ©dication de JĂ©sus-Christ, c’est l’anti-morale, c’est l’absolution de l’immoralitĂ©, puisque c’est l’annonce de la misĂ©ricorde et du pardon de Dieu pour les la prĂ©dication de JĂ©sus, la loi morale n’est lĂ  que pour dĂ©montrer au pĂ©cheur son pĂ©chĂ© afin d’aiguiser son appel Ă  la grĂące et au pardon de lorsque l’on oublie que la prĂ©dication de JĂ©sus est celle de la grĂące, on la comprend seulement comme une forme de morale. Ainsi, enfin, la morale, c’est ce qu’il reste de la foi quand on a perdu la foi se moque de la morale, car elle est de l’ordre de la passion et de la dĂ©nĂ©gation des rĂšgles et des sagesses de ce la foi, lorsqu’elle perd sa radicalitĂ© passionnelle, se transforme en morale et en rĂ©flexion sur le bien et le rĂ©cit biblique de la “chute” c’est-Ă -dire de consommation par Adam et Eve du fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal le montre effet, ce rĂ©cit va mĂȘme jusqu’à considĂ©rer que la tentation de vouloir connaĂźtre ce qui est le bien et le mal constitue la premiĂšre dĂ©sobĂ©issance Ă  Dieu. On ne peut diffĂ©rencier plus nettement la morale de la religion. ‱ Et pourtant c’est vrai, la morale, la nĂŽtre, celle du monde occidental, celle des Droits de l’Homme, est enfant du uniquement comme le petit cygne est un “enfant” des canards. On pourrait peut-ĂȘtre mĂȘme dire que le judĂ©o-christianisme a couvĂ© des Ɠufs qui ne sont pas les siens faute peut-ĂȘtre de pouvoir pondre et couver des Ɠufs qui lui soient propres ! Ces “vilains petits canards” qui ont Ă©tĂ© couvĂ©s et Ă©levĂ©s par le judĂ©o-christianisme, sans ĂȘtre pour autant des enfants du judĂ©o-christianisme, ce sont la science dont le Christianisme a lĂ©gitimĂ© le caractĂšre laĂŻque et profane7, et aussi les Droits de l’Homme qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un avatar de la loi de MoĂŻse, et aussi la morale qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un substitut casuistique de l’exigence du pur amour, du sacrifice parfait et total. ‱ Mais depuis quelques temps, le judĂ©o-christianisme a une attitude ambivalente vis-Ă -vis de ces “vilains petits canards” qu’elle a couvĂ©s et spĂ©cialement vis-Ă -vis de la morale. Depuis peu, catholiques et protestants sont tombĂ©s d’accord pour dire que l’homme est justifiĂ© par grĂące seule. S’il en est ainsi, c’est donc qu’il ne l’est pas par ses mĂ©rites ni par son attitude fait d’agir moralement n’est plus considĂ©rĂ© comme la condition nĂ©cessaire du salut. Dans ce cas, quelle place peut-on faire Ă  la morale ? Certains diront que le chrĂ©tien doit tenter de vivre de maniĂšre morale par reconnaissance envers Dieu pour la justification par grĂące seule qui lui a Ă©tĂ© accordĂ©e indĂ©pendamment de ses mĂ©rites et de sa conduite morale.Il nous faudrait donc vivre de maniĂšre morale par reconnaissance envers Dieu, et ce alors mĂȘme que la justification et le salut nous ont Ă©tĂ© accordĂ©s par grĂące c’est-Ă -dire mĂȘme si nous sommes immoraux, et peut-ĂȘtre parce que nous sommes immoraux. D’autres diront que le chrĂ©tien doit tenter de vivre de maniĂšre morale non pour des raisons religieuses et individuelles, mais pour des raisons profanes et sociales.Pour en ĂȘtre chrĂ©tien, on n’en est pas moins ceci n’a pas Ă  ĂȘtre compris comme une forme de concession Ă  la comme une place lĂ©gitime donnĂ©e Ă  l’homme effet, en accord avec la “thĂ©ologie des deux rĂšgnes”, c’est la foi elle-mĂȘme qui reconnaĂźt la pleine lĂ©gitimitĂ© et la pleine indĂ©pendance du rĂšgne du profane dont fait partie la c’est pour faire honneur au fait que nous sommes “hommes” et Ă  cette dignitĂ© laĂźque, naturelle et profane, que le chrĂ©tien doit tenter de vivre de maniĂšre morale. Quant Ă  moi, je prendrai une position l’ai dit, qu’il n’y a pas de morale n’y a qu’une morale sociale et naturelle, laĂŻque et il y a une maniĂšre chrĂ©tienne de vivre cette morale naturelle et non modalitĂ© “chrĂ©tienne”, c’est celle de la pour rien, gratuitement et sans raison que nous avons Ă  tenter de vivre de maniĂšre sais bien que “pour rien” et “pour Dieu” sont trĂšs Ă  tout prendre, je prĂ©fĂšre “pour rien”.Car faire quelque chose Ă  la seule gloire de Dieu soli deo gloria, c’est le faire “pour rien”, sans en retirer aucun profit. Car la foi, Simone Weil le dit clairement, c’est non pas ce qui donne une raison d’ĂȘtre Ă  la vie, au travail, Ă  la souffrance et Ă  la morale, mais c’est ce qui nous dispense de chercher une raison d’ĂȘtre Ă  la vie, au travail, Ă  la souffrance et Ă  la nous savons que nous sommes justifiĂ©s par grĂące, nous sommes libĂ©rĂ©s de la prĂ©occupation d’avoir Ă  donner un sens et une raison d’ĂȘtre Ă  la vie et Ă  la chrĂ©tien accepte le “pour rien”, le “sans raison” et mĂȘme l’absurde de l’exigence morale. Il fait de la gratuitĂ© sa rĂ©ponse Ă  la grĂące. “Puisque nous avons reçu gratuitement, donnons gratuitement”8. Et donner gratuitement, c’est vivre de maniĂšre morale, gratuitement, sans raison. Ce serait se mĂ©prendre que de croire qu’il faut tenter de vivre de maniĂšre morale par reconnaissance pour la justification par grĂące qui nous a Ă©tĂ© n’en est seule rĂ©ponse cohĂ©rente avec le fait que nous sommes justifiĂ©s par grĂące seule, c’est l’acceptation du fait qu’il nous faut vivre, agir et ĂȘtre moral sans aucune raison, sans aucune justification. ‱ Ainsi, le Christianisme, depuis quelques dĂ©cennies a entrepris de renier “le vilain petit canard” de la morale qu’il a pourtant couvĂ© et fait il n’y est pas allĂ© de main morte ! Et il s’est dĂ©barrassĂ©, Ă  tort Ă  mon avis, des notions de pĂ©chĂ©, de culpabilitĂ©, de moralitĂ©, d’examen de conscience, de confession des pĂ©chĂ©s ! Un peu trop vite Ă  mon voudrais dire je voudrais donner des raisons qui sont plutĂŽt d'opportunitĂ© historique. Le Christianisme authentique est peut-ĂȘtre en train de religion du XXIĂšme siĂšcle ne sera pas le Christianisme, en tout cas pas le Christianisme de JĂ©sus-Christ, le doux prophĂšte de GalilĂ©e qui prĂȘche la grĂące pour les religion du XXIĂšme siĂšcle sera peut-ĂȘtre celle du fanatisme, du totalitarisme et de l’intĂ©grisme ou celle d’une sorte de religiositĂ© “solf”, syncrĂ©tiste et vaguement l’un et l’autre cas, il n’est pas certain que la morale, et spĂ©cialement la morale de l’amour gratuit et du renoncement Ă  soi-mĂȘme, ait une place assurĂ©e. Et peut-ĂȘtre regrettera-t-on au XXIĂšme siĂšcle que le Christianisme ait reniĂ© son vilain petit canard de morale qui aurait pu ĂȘtre son seul hĂ©ritage, sa seule survivance dans un monde dĂ©christianisĂ©, paganisĂ© et fanatisĂ©. A mon sens, ce qu’il doit rester du judĂ©o-christianisme authentique, mĂȘme si celui-ci venait de disparaĂźtre en tant que foi Ă  la GrĂące, c’est le sens de la gratuitĂ©, du “pour rien”, du “à la seule gloire de Dieu”. Et en particulier le sens d’une morale “pour rien”, “pour l’absurde”9. Si ce sens du “pour rien” se meurt lui aussi, la morale deviendra un outil comme un autre service du profit, de la rĂ©ussite et de la promotion les entreprises on enseigne dĂ©jĂ  qu’il faut ĂȘtre moral parce que, en fin de compte, “ça paye”. J’ai peur que le sens de la gratuitĂ© et du “pour rien” ne soit en train de se je ne voudrais pas qu’il en soit moi, le propre de l’homme, sa dignitĂ© propre, c’est l’aptitude Ă  la gratuitĂ©, au “pour rien”, au “mĂȘme si c’est absurde”.Il me semble indispensable que l’attitude morale reste une attitude dĂ©sintĂ©ressĂ©e, gratuite, pour l’honneur de l’homme, Ă  dĂ©faut de pouvoir rester “pour l’honneur de Dieu”. Si nous n’avons Ă  retenir qu’une seule chose de la prĂ©dication chrĂ©tienne, je voudrais que ce soit le sens de la mĂȘme si le credo quia absurdum10 de la foi judĂ©o-chrĂ©tienne venait Ă  disparaĂźtre, je voudrais que, nĂ©anmoins, persiste, aprĂšs lui, un “je veux rester un ĂȘtre moral, mĂȘme si c’est absurde, parce que c’est absurde”. Alain Houziaux haut
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  • avons nous le devoir de chercher la verite